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Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi s'expriment lors d'une conférence visant à soutenir la paix et la prospérité dans la région des Grands Lacs, à Paris, le 30 octobre 2025.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a accusé son homologue rwandais, Paul Kagame, de chercher à "diviser" son pays et à "annexer la partie orientale riche en ressources", dans un discours diffusé dimanche par son cabinet.
Le chef de l’État congolais s’exprimait devant des membres de la communauté congolaise en Égypte, composée d’étudiants, de commerçants, de travailleurs et de militaires en formation.
Abordant la crise sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC, Tshisekedi a rappelé les différents processus de paix, notamment ceux entre le gouvernement congolais et le Rwanda, ainsi qu’entre le gouvernement et les rebelles du M23.
Il a souligné que la RDC et le Rwanda avaient manqué une opportunité de signer un accord de paix en décembre 2024, après que Kagame a boycotté un sommet dans la capitale angolaise, Luanda.
"Ses intentions sont belliqueuses et hégémoniques. Son objectif est de diviser notre pays et d’occuper, voire d’annexer l’Est, une région très riche en ressources minérales et agricoles"
, a affirmé Tshisekedi.
Aucune réaction immédiate n’a été enregistrée du côté rwandais.
Discussions entre le gouvernement et les rebelles
Tshisekedi a toutefois souligné que Kinshasa reste déterminée à poursuivre les efforts diplomatiques pour instaurer la paix.
"Nous avons réussi à créer un élan au sein de la communauté internationale visant à sanctionner le Rwanda. Depuis, deux autres processus de paix ont été lancés, l’un à Doha et l’autre à Washington"
, a-t-il ajouté.
Le président congolais a par ailleurs annoncé que les discussions entre le gouvernement et les rebelles, conduites sous l’égide du Qatar à Doha, doivent reprendre cette semaine.
Il a précisé que ces pourparlers sont conduits sous la médiation qatarie et visent à finaliser un accord durable avec le M23. Une fois ces pourparlers achevés, Tshisekedi rencontrera son homologue rwandais à Washington pour ratifier deux accords : l’un signé en juillet entre le M23 et Kinshasa, médié par le Qatar, et l’autre entre le Rwanda et la RDC, médié par les États-Unis.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est considéré comme un groupe
et toute forme de négociation directe est catégoriquement rejetée.
"Théâtre politique devenu ridicule"
Le président congolais avait déjà appelé Kagame à mettre fin aux tensions entre leurs deux pays, à coopérer pour instaurer la paix et à empêcher la violence dans l’est de la RDC en ordonnant au M23 de cesser ses escalades, lors de la deuxième édition du Global Gateway Forum organisée par l’Union européenne à Bruxelles.
Le Rwanda, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe, avait qualifié ces propos de
"théâtre politique devenu ridicule".
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que certains de ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
De plus, le Rwanda accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), responsables du génocide rwandais, dans ce que Kigali considère comme une stratégie visant à déstabiliser son gouvernement.
Le M23, créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise, avait été défait en 2013 par les Forces armées de la RDC, soutenues par les Casques bleus de la MONUSCO.
Cependant, il a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda. Les pourparlers actuels sous l’égide du Qatar visent à mettre fin à ces hostilités et à instaurer un cessez-le-feu durable.