De la Chine à la Türkiye, les anciennes mines de charbon renaissent sous forme de fermes solaires, combinant transition énergétique, emplois locaux et réhabilitation écologique.
À travers le monde, des mines de charbon fermées sont reconverties en centrales solaires, du Canada à la Chine, en passant par la Grèce et la Türkiye.
Cette tendance, en pleine expansion, associe production d’énergie propre, reconversion économique et restauration environnementale.
Selon un rapport du Global Energy Monitor (GEM), quelque 103 gigawatts de capacité solaire ont déjà été installés sur d’anciennes mines à ciel ouvert au cours des cinq dernières années, et 185 gigawatts supplémentaires pourraient l’être d’ici cinq ans. Cette mutation pourrait générer 260 000 emplois permanents à travers le monde, marquant une étape clé vers une transition énergétique juste.
Duygu Kutluay, militante de l’organisation Beyond Fossil Fuels, a expliqué à Anadolu que les zones minières désaffectées, souvent proches de centrales thermiques, présentent des atouts majeurs:
"Elles disposent de vastes superficies et d’infrastructures électriques déjà connectées, ce qui réduit les coûts et facilite l’installation de panneaux solaires."
La Chine en tête de la reconversion minière
Premier producteur et consommateur mondial de charbon, la Chine domine le mouvement. Selon GEM, le pays compte 90 projets solaires en activité générant environ 14 gigawatts d’électricité, dont plus de la moitié en Mongolie-Intérieure.
Cheng Cheng Wu, responsable du programme Energy Transition Tracker du GEM, souligne que le soutien gouvernemental est déterminant:
"Plus de 90 % des anciennes mines sont situées à moins de 10 kilomètres d’un point de connexion au réseau, un avantage crucial pour le développement solaire."
Wu estime que ces sites, inutilisés,
"devraient être prioritaires pour l’industrie solaire"
car ils limitent les conflits fonciers et bénéficient aux communautés locales.
L’Europe transforme son passé industriel
En Allemagne, le parc solaire de Witznitz, implanté sur une ancienne mine de charbon, est devenu la plus grande centrale solaire d’Europe avec 605 mégawatts de capacité. En Grèce, la centrale de Kozani (204 mégawatts) alimente 75 000 foyers, amorçant un vaste projet de 3 gigawatts visant à convertir les champs de lignite en zones solaires.
Des initiatives similaires émergent au Canada (44 mégawatts), en Pologne (70 mégawatts), en Hongrie (16 mégawatts), au Royaume-Uni (5 mégawatts) et aux États-Unis, où une ancienne mine de cuivre du Vermont accueille désormais une centrale solaire.
La Türkiye rejoint la transition verte
La Türkiye s’inscrit aussi dans cette dynamique. Selon un rapport publié en 2022, l’installation de panneaux solaires sur les mines de charbon à ciel ouvert pourrait fournir de l’électricité à 6,9 millions de foyers.
Deux sites pilotes – à Soma (Manisa) et Can (Çanakkale) – abritent déjà des centrales solaires de 5 mégawatts chacune, opérées par les Turkish Coal Enterprises (TKI). Ensemble, elles produisent environ 18 millions de kilowattheures par an, couvrant leurs besoins opérationnels.
De nouveaux projets sont en préparation dans les provinces de Kütahya et Kahramanmaraş, portant la capacité totale à 24 mégawatts et la production annuelle à 41 millions de kilowattheures.
Bien que modestes par rapport aux 24,2 gigawatts de capacité solaire installée du pays, ces projets servent de modèle de réhabilitation post-charbon. En septembre 2025, le solaire représentait déjà 20 % de la capacité électrique totale de 121,4 gigawatts.
Vers une croissance durable
Les experts soulignent que la reconversion des sites miniers en centrales solaires constitue un modèle efficace pour une économie bas carbone tout en créant des emplois et en restaurant les terres dégradées.
Mais pour que cette transition s’accélère, il faudra des stratégies nationales claires, des incitations financières et une coopération étroite entre gouvernements, entreprises et communautés locales.
"Türkiye, comme beaucoup d’autres pays, possède un fort potentiel renouvelable"
, rappelle Duygu Kutluay, qui plaide pour un plan de sortie progressive du charbon.
À mesure que la demande énergétique croît et que les objectifs climatiques se durcissent, les anciennes mines pourraient bien devenir les piliers d’un avenir énergétique durable.
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