Il y a quelques jours, la célèbre sénatrice républicaine américaine Nancy Graham a opposé un argument pour le moins cynique aux accusations de génocide visant Israël. Selon elle, si Israël voulait vraiment commettre un génocide, il en aurait les armes technologiques et la capacité militaire. Or, puisqu’il n’a pas exterminé d’un seul coup l’ensemble des Palestiniens, cela prouverait qu’il n’a ni l’intention ni la pratique du génocide.
Autrement dit, pour Graham, la seule preuve recevable serait l’anéantissement complet de tous les Palestiniens, jusqu’au dernier. Un raisonnement qui illustre à quel point Israël bénéficie d’un privilège unique : pour l’accuser de génocide, il faudrait attendre qu’il ait déjà éradiqué deux millions d’êtres humains, moins un.
En témoigne la scène surréaliste d’Itamar Ben Gvir, ministre sioniste de la Sécurité intérieure, extrémiste notoire, venant défier Marwan Barguti dans sa cellule de prison. Cet épisode, soigneusement mis en scène devant les caméras, a offert au public la première image depuis des années de l’un des leaders charismatiques de la résistance palestinienne. Amaigri à l’extrême, Barguti apparaissait comme une ombre de lui-même – mais cette apparition était bien plus révélatrice pour l’occupant que pour le prisonnier.
La propagande israélienne, en diffusant les images de Sinwar ou en exhibant Barguti, croyait discréditer la résistance. Elle n’a fait que l’inscrire dans l’histoire comme modèle de dignité et de courage, voué à inspirer des générations.
À force de s’arroger des privilèges, l’État sioniste dilapide son capital symbolique. Face à lui, le Palestinien – qu’il soit de Gaza, de Jérusalem ou de Cisjordanie – refuse de se réduire à une "vie nue", un corps sans droits, réduit à la survie biologique. Même affamé, enfermé, humilié, il reste sujet, acteur, porteur d’une volonté indomptable.
Voilà pourquoi Israël a jugé nécessaire de transformer Barguti en trophée : pour donner en pâture à sa propre opinion publique l’image d’un prisonnier brisé. Mais ce spectacle n’a révélé qu’une chose : l’abîme moral d’une société qui trouve sa jouissance dans la mise en scène de la souffrance.
Quelques jours avant l’anniversaire de l’incendie du minbar de Saladin à la mosquée al-Aqsa (21 août), l’agression contre Barguti ne saurait être vue comme une simple coïncidence. Les deux événements s’inscrivent dans une politique cohérente : effacer les symboles religieux, nationaux et culturels des Palestiniens.
Barguti n’est pas qu’un détenu. Il incarne l’esprit d’une nation refusant la servitude. De même, le minbar n’était pas qu’une chaire de bois : il représentait Jérusalem et l’identité islamique de la ville. Ensemble, ces symboles relient la mémoire, la foi et la lutte de tout un peuple.
L’occupation vise depuis toujours ces marqueurs d’identité : détruire les lieux saints, réduire au silence les leaders, effacer la mémoire collective. Mais en visant ainsi la substance même de la résistance, elle confirme que la lutte n’est pas seulement territoriale : elle est aussi spirituelle, symbolique et existentielle.
Ce que l’occupant entendait infliger comme humiliation devient, en réalité, un levier pour raviver la mobilisation. L’anniversaire du minbar incendié rappelle les crimes contre les lieux saints. L’attaque contre Barguti souligne l’importance de la cause des prisonniers, pierre angulaire du combat palestinien. Ensemble, ces épisodes nourrissent un récit commun : peu importe combien de symboles l’ennemi attaque, ils continueront d’alimenter la flamme de la résistance.
Marwan Barguti, bien que membre du Fatah, est reconnu par Hamas lui-même comme une figure nationale incontournable : son nom figure en tête des listes d’échange de prisonniers. Car les divergences politiques ne sauraient effacer l’unité du sang palestinien ni l’indivisibilité du destin partagé.
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