Un ouvrier de fonderie manipule du métal en fusion à l'usine Betsaide, qui sert principalement l'industrie automobile, à Elorrio, le 26 mai 2025.
Les subventions massives accordées par la Chine à son industrie sidérurgique "faussent" la concurrence mondiale et freinent les efforts de décarbonation du secteur, affirme l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport publié mardi.
"Les producteurs qui ne perçoivent pas de subventions ne peuvent pas affronter la concurrence sur un pied d’égalité",
souligne l’organisation, qui estime que les taux de subventions dans le secteur de l’acier en Chine sont
"cinq fois supérieurs à la moyenne de ceux des autres économies"
. Pendant ce temps, les exportations chinoises d’acier
"ont plus que doublé depuis 2020".
En 2024, la Chine — premier producteur mondial — a exporté un volume record de 118 millions de tonnes (Mt), tandis que ses importations ont chuté de près de 80 %, à 8,7 Mt. Cette asymétrie
"pose un défi de taille"
aux autres producteurs, dont les exportations diminuent pendant que les importations explosent, précise l’OCDE dans son rapport intitulé Perspectives de l'acier de l'OCDE 2025.
Depuis 2020, les importations d’acier ont augmenté de:
- 13 % dans l’Union européenne et au Royaume-Uni,
- 18 % au Japon et en Corée,
- 40 % en Amérique du Nord,
- 52 % en Türkiye,
- 60 % en Amérique du Sud,
- 77 % en Océanie.
Parallèlement, les exportations chinoises vers les marchés tiers s’intensifient, poussant d’autres régions — comme l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient ou l’Asie du Sud-Est — à réorienter à leur tour leur surplus vers les pays de l’OCDE.
Cette surabondance d’acier à bas prix déclenche une vague de recours commerciaux. En 2024, 81 enquêtes anti-dumping sur des produits sidérurgiques ont été ouvertes par 19 États, contre seulement 16 procédures menées par cinq pays en 2023. Près de 80 % des plaintes visent des producteurs asiatiques, la Chine représentant plus du tiers des cas.
Dans ce contexte, l’OCDE alerte sur un ralentissement des investissements nécessaires pour verdir la sidérurgie, un secteur responsable à lui seul de 8 % des émissions mondiales de CO2.
"Les producteurs d’acier ne pourront pas revenir à des niveaux de rentabilité sains et soutenus avant d’avoir traité comme il se doit le problème des surcapacités mondiales"
, prévient l’organisation, appelant à une coopération internationale pour rétablir des règles du jeu équitables sur le marché global de l’acier.
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