Barrot défend une ligne dure sur le nucléaire iranien et mise sur un retour de l'Europe sur la scène stratégique

13:583/07/2025, jeudi
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Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (à droite), prend une note à côté de la ministre déléguée à l'Autonomie et aux Personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq, après la réunion hebdomadaire du cabinet au palais de l'Élysée à Paris, le 2 juillet 2025.
Crédit Photo : Ludovic MARIN / AFP
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (à droite), prend une note à côté de la ministre déléguée à l'Autonomie et aux Personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq, après la réunion hebdomadaire du cabinet au palais de l'Élysée à Paris, le 2 juillet 2025.

Jean-Noël Barrot estime que l'Europe doit sortir de son rôle passif face aux grandes crises géopolitiques.

Par voie d'un entretien publié par Le Monde, le chef de la Diplomatie française a jugé qu'une relance des négociations sur le nucléaire iranien devait impérativement prendre en compte les intérêts sécuritaires de l'Union européenn
e. "Il est essentiel que nos intérêts de sécurité soient pris en compte"
, a-t-il déclaré, en soulignant que l'Europe est potentiellement à portée des missiles iraniens.

Iran


Barrot, en poste depuis septembre 2024 dans le gouvernement de François Bayrou, s'est également montré ferme sur l'usage d'un levier diplomatique oublié : le mécanisme de rétablissement des sanctions de l'accord sur le nucléaire iranien (JCPOA).


Selon lui, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne pourraient décider unilatéralement de réactiver les sanctions levées en 2015 si Téhéran refuse un nouvel encadrement de ses activités nucléaires.

L'enjeu dépasse cependant le seul nucléaire. Le ministre estime que les négociations futures devront intégrer trois volets : les capacités balistiques de l'Iran, son soutien aux groupes armés dans la région, et bien sûr son programme nucléaire. Il estime que les événements depuis le 7 octobre 2023 – en référence aux attaques du Hamas – ont montré
"à quel point ces groupes déstabilisent la région"
.

Concernant la situation des otages français détenus en Iran, Barrot a confirmé une visite récente de l'ambassade française à Téhéran à Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis mai 2022. S'ils ne présentent pas de blessures physiques, leur état psychologique est préoccupant.

"
Nous exigeons leur libération immédiate"
, a-t-il martelé. Pour rappel, ces derniers ont récemment été inculpés pour des faits
"d'espionnage pour le Mossad"
,
"complot pour renverser le régime"
et
"corruption sur terre"
.

Ils encourent la peine de mort pour chacun des trois chefs d'inculpation. Barrot a également abordé les frappes israéliennes et américaines du 21 juin sur le territoire iranien. Tout en rappelant qu'elles ne respectaient pas le droit international, il a reconnu qu'elles ont pu ralentir les capacités nucléaires de Téhéran. Mais selon lui, seul un accord négocié permettra une désescalade durable.


Ukraine, Gaza et Algérie


Sur la guerre en Ukraine, le ministre estime que le président russe
"Vladimir Poutine est en train de s'essouffler"
et annonce des sanctions européennes
"les plus lourdes"
depuis trois ans, coordonnées avec celles des États-Unis. Il affirme que malgré une offensive militaire massive, Moscou n'a conquis que
"0,25 % du territoire ukrainien depuis le début de l'année"
.

Interrogé sur la situation à Gaza, Barrot réaffirme le soutien de la France à la solution à deux États, en critiquant ouvertement la politique israélienne de colonisation et le blocus de l'aide humanitaire. Il a notamment déclaré :
"Ce n'est pas faire offense au peuple israélien que de dénoncer les atteintes de son gouvernement au droit international"
.

Enfin, le ministre a dénoncé la condamnation à cinq ans de prison de l'écrivain Boualem Sansal en Algérie, jugeant sa détention
"injustifiée"
et rappelant que les relations entre Paris et Alger sont gelées.

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