France: Le contrôleur général des prisons pointe un "délaissement coupable" à tous les niveaux

16:4321/05/2025, mercredi
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Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin (C), visite la prison de Remire-Montjoly dans le cadre de son voyage officiel en Guyane française, le 19 mai 2025. Le 17 mai 2025, Gérald Darmanin a annoncé l'ouverture d'un centre pénitentiaire de haute sécurité de 500 places d'ici 2028 à Saint-Laurent-du-Maroni, au cœur de la jungle guyanaise, pour accueillir les détenus les plus lourdement condamnés pour trafic de stupéfiants ainsi que les détenus radicalisés.
Crédit Photo : Ronan LIETAR / AFP
Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin (C), visite la prison de Remire-Montjoly dans le cadre de son voyage officiel en Guyane française, le 19 mai 2025. Le 17 mai 2025, Gérald Darmanin a annoncé l'ouverture d'un centre pénitentiaire de haute sécurité de 500 places d'ici 2028 à Saint-Laurent-du-Maroni, au cœur de la jungle guyanaise, pour accueillir les détenus les plus lourdement condamnés pour trafic de stupéfiants ainsi que les détenus radicalisés.

La Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) en France, Dominique Simonnot a pointé dans son rapport d'activité annuel, un "délaissement coupable" à tous les niveaux, fustigeant certaines décisions du garde des Sceaux.

"Ce délaissement coupable se retrouve partout"
: des prisons aux établissements de santé mentale, en passant par les centres de rétention administration et les centres éducatifs fermés, dénonce cette autorité administrative indépendante, en avant-propos de ce rapport, repris par Le Monde et qui doit sortir en librairie jeudi 22 mai.

"On délaisse ces gens dans des calculs à la petite semaine, des calculs politiques, parce que tout le monde s'en moque (…) Sauf que ce sont des calculs à très court terme. Si on regarde plus loin, les dégâts sont énormes"
, a expliqué la CGLPL dans une déclaration aux médias locaux, reprise par Le Monde. Selon le rapport, l'année 2024 a été
"marquée pour la quatrième fois consécutive par une croissance inquiétante et nocive de la surpopulation carcérale"
.

Cette surpopulation dans les prisons de France marque
"l'échec des mesures"
inscrites dans les lois adoptées en 2021 et en 2023, du temps où Eric Dupond-Moretti était Place Vendôme.

Dominique Simonnot estime que
"la mise en place d'une régulation carcérale contraignante fondée sur la loi demeure plus urgente que jamais"
. Depuis plusieurs années cette autorité administrative indépendante exige un mécanisme permettant d'examiner les possibilités de sortie d'un prisonnier en fin de peine avant de faire rentrer d'autres détenus.

Cependant, le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, y est totalement défavorable. Dans une lettre envoyée la semaine dernière aux magistrats, il dit opter pour la construction de prisons modulaires, l'expulsion de détenus étrangers ou la différenciation des prisonniers en fonction de leur niveau de dangerosité, pour faire face à ce problème.


Pour le moment, la promiscuité induite par la surpopulation carcérale
"accroît les risques de conflit"
et partant, le
"nombre des incidents augmente"
, indique le rapport. L'accès à des activités – travail, enseignement, sport, activités socioculturelles – est
"drastiquement insuffisant dans une très large majorité d'établissements"
, pointe le document qui explique que
"l'absence d'activités constitue un facteur évident d'accroissement des tensions (…) tant il relève du bon sens le plus élémentaire que le fait de maintenir trois personnes enfermées vingt-deux heures sur vingt-quatre dans 9 mètres carrés, sans autre horizon que télévisuel, ne peut qu'impacter négativement leur santé mentale".

Le CGLPL a fustigé la décision de Darmanin d'arrêter toutes les
"activités ludiques"
en prison qui ne concernent pas l'éducation, la langue française ou le sport, ainsi que la création de quartiers de haute sécurité pour y incarcérer les narcotrafiquants les plus dangereux, y voyant une
"vertigineuse régression"
vers ce qui avait été aboli en 1982 par Robert Badinter.

Le rapport dénonce également
"les conditions matérielles de vie indignes"
dans les centres de rétention administrative. Le document évoque aussi les geôles des tribunaux, notamment celui de Paris, où la durée d'attente est souvent prolongée
"de manière excessive"
, faute de moyens et d'effectifs de police.

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