
Le président français Emmanuel Macron arrive pour s'adresser au public lors de la cérémonie de remise du prix "Non au harcèlement" au palais de l'Élysée à Paris, le 21 mai 2025.
Emmanuel Macron a exigé mercredi que le gouvernement lui soumette "de nouvelles propositions" d'ici début juin, en réaction aux conclusions jugées préoccupantes d'un rapport sur les "Frères musulmans" et l'"islamisme" politique dans l'Hexagone.
Par voie d'un communiqué, l'Élysée a indiqué que le président de la République avait convoqué un conseil de défense élargi, rassemblant plusieurs ministres dont ceux de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et des Sports, trois domaines identifiés comme particulièrement ciblés par un
"entrisme par le bas"
.
"Compte tenu de l'importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions qui seront examinées lors d'un prochain Conseil de défense au début du mois de juin"
, a précisé l'Élysée cité par la presse française. L'objectif affiché est de renforcer la réponse de l'État à l'influence idéologique attribuée aux "Frères musulmans".
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a lui aussi pris la parole au Sénat, évoquant notamment la mise en place d'un
"vrai chef de file en matière de renseignement"
et la création d'un
"parquet administratif"
rattaché à son ministère.
Ces propositions viseraient à faciliter les dissolutions d'associations ou les blocages administratifs. Il a également plaidé pour une meilleure formation des agents publics et une stratégie de sensibilisation du grand public, tout en soulignant des failles dans le contrôle des
"circuits financiers"
de la mouvance.
Ces annonces suscitent cependant des critiques. Nicolas Cadène, ancien rapporteur général de l'Observatoire de la laïcité et expert en la matière, a réagi sur le réseau X en dénonçant une méthodologie
"peu rigoureuse"
dans le rapport gouvernemental.
Il estime que le document contient
"des évidences, des amalgames, du simplisme"
et critique la reprise
"de paraphrases d'idées anciennes"
, certaines issues de l'Observatoire qu'il a lui-même contribué à alimenter.
Il va plus loin en affirmant que
"certaines appréciations [sont] totalement farfelues et surtout absolument pas sourcées, ce qui est très problématique pour un rapport officiel"
. Il constate que le rapport contient aussi
"des appréciations classiques et peu problématiques"
sur l'organisation des "Frères musulmans" ou certaines de leurs influences, tout en relativisant la prétendue nouveauté de ces éléments.
"Rien n'est surprenant, sauf à n'avoir jamais rien suivi à ce sujet"
, affirme-t-il.
Enfin, Cadène a exprimé son malaise face au contexte dans lequel ce rapport a été publié.
"Moins d'un mois après le meurtre d'Aboubakar Cissé dans une mosquée, on aimerait plus de retenue de la part de certains responsables et médias"
, a-t-il écrit, craignant des généralisations sur l'islam en tant que religion.
Pour rappel, Aboubakar Cissé, jeune Malien de 22 ans, a été poignardé à mort le 25 avril 2025 alors qu'il priait dans une mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard. Son agresseur présumé, Olivier H., 21 ans, a été mis en examen pour
"assassinat à raison de la race ou de la religion"
et placé en détention provisoire. L'attaque, d'une violence extrême, a été filmée par l'auteur lui-même, qui a diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux, proférant des propos islamophobes.
Ce drame a suscité une vive émotion en France et relancé les débats sur la reconnaissance de l'islamophobie et la protection des lieux de culte musulmans.
A lire également:
A lire également:
#France
#Emmanuel Macron
#Frères Musulmans
#Islamisme politique
#rapport Frères musulmans