Comment l'ONU valide-t-elle les records de température ?

11:5830/05/2024, jeudi
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Scène de vie au cours d'une journée de canicule à Jaffarabad, dans la province du Baloutchistan au Pakistan, le 30 mai 2024.
Crédit Photo : Fida HUSSAIN / AFP
Scène de vie au cours d'une journée de canicule à Jaffarabad, dans la province du Baloutchistan au Pakistan, le 30 mai 2024.

Le processus d'homologation des records de température par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a toute son importance pour mesurer le changement climatique et garantir des données précises.

La possible
"erreur"
de l'instrument de mesure ayant enregistré un record de température à New Delhi conforte la démarche prudente et systématique de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) en matière de certification des observations météorologiques extrêmes. Voici comment et pourquoi cette agence de l'ONU basée à Genève homologue les records de température, tout comme elle le fait pour d'autres phénomènes, tels que la foudre, la durée des typhons ou la hauteur des vagues.

Comment évaluer les températures ?


Certifier un record de chaleur prend habituellement plusieurs mois. En effet, l'OMM contacte d'abord le service météorologique du pays concerné et l'organisation spécifique qui a enregistré le record supposé afin d'obtenir les données brutes et les détails sur l'emplacement exact de l'observation, le type de matériel employé et les conditions météorologiques régionales.


Après une première évaluation menée par la Commission de climatologie de l'OMM et le Rapporteur pour les extrêmes météorologiques et climatiques de l'organisation, Randall Cerveny, sur la valeur mesurée et les éléments d'informations qui l'accompagnent, un comité d'experts en sciences de l'atmosphère examine à son tour les données.


Sur la base de la recommandation du comité, le rapporteur prononce un jugement définitif.


Pourquoi un registre des records météorologiques ?


En 2005, Randall Cerveny, regardant à la télévision les images de l'ouragan Katrina inondant la Nouvelle Orléans, est frappé par un commentaire que répétaient les journalistes:
"C'est le pire ouragan de tous les temps".

Le spécialiste des sciences de l'atmosphère, professeur en sciences géographiques à l'Université d'État de l'Arizona, savait qu'il n'en était rien: si Katrina a fait plus de 1.800 décès, en 1970 un cyclone avait fait au moins 300.000 morts dans une région de l'actuel Bangladesh.

L'expert publie alors un article scientifique (2006) demandant la création d'une base de données mondiale et officielle sur les records.


L'OMM fait donc appel à lui pour créer en 2007 une base de données qui conserve les records mondiaux, hémisphériques et régionaux d'un certain nombre de conditions météorologiques extrêmes (température, pluie, rafale de vent, hauteur des vagues, durée des éclairs...) et le nombre de décès dus aux phénomènes météorologiques.


Prendre la mesure du changement climatique


Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), le climat change plus vite qu'on ne le craignait, en raison de l'activité humaine.


La raison la plus importante de vouloir homologuer les records est donc de déterminer avec précision l'ampleur et le rythme de l'évolution du climat planétaire, selon l'OMM.


Il est aussi
"extrêmement important de connaître les extrêmes météorologiques et climatiques pour le secteur de la santé et du génie civil"
, explique M. Cerveny dans un bulletin de l'OMM, citant en exemple l'architecte qui, lors de la conception d'un pont, doit connaître la vitesse maximale à laquelle pourrait souffler le vent.

Faire progresser la science, tout en permettant d'éviter aux médias d'exagérer certains événements climatiques, sont autant d'autres bonnes raisons de disposer d'un registre international fiable.


Records de températures


Récemment, l'OMM a confirmé fin janvier le record de température de 48,8°C en Europe continentale, atteint le 11 août 2021 en Sicile.


Il y a quelques années, l'OMM a également validé un record de température pour la région antarctique (18,3°C ; Argentine en 2020), durement frappée par le réchauffement climatique, mais a rejeté un autre relevé encore plus élevé, 20,75°C, signalé la même année à une station brésilienne de surveillance automatisée du pergélisol installée sur l'Île de Seymour.


L'OMM peut aussi revisiter des records antérieurs à la création de sa base de données en 2007.

Le cas le plus connu est l'enquête - menée pendant deux ans dans des conditions particulièrement dangereuses pendant la révolution libyenne de 2011 - portant sur le record mondial de chaleur de 58°C mesuré en 1922 à El Azizia, dans la Libye moderne. Le record a été invalidé, en raison d'une erreur de relevé commise par un
"nouvel observateur inexpérimenté".

Depuis, c'est la station américaine de Furnace Creek, dans la Vallée de la Mort, qui a repris le record mondial de chaleur, enregistré le 10 juillet 1913: 56,7°C. La température la plus basse jamais enregistrée sur terre (-89,2°C) l'a été le 21 juillet 1983 à la station Vostok dans l'Antarctique.


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