Bras de fer diplomatique entre Washington et Pretoria

La rédaction
11:2522/08/2025, Cuma
Yeni Şafak

Depuis janvier 2025, les relations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud se sont nettement détériorées. Pretoria a adopté une loi sur l’expropriation sans compensation, critiquée par Washington comme une atteinte aux droits des Afrikaners. La saisine sud-africaine de la CIJ contre Israël a accentué les tensions, poussant les États-Unis à réduire leur aide, notamment le programme PEPFAR, vital pour la lutte contre le VIH/sida. En parallèle, la polémique sur la réinstallation d’Afrikaners accentue ce bras de fer géopolitique.

Depuis le début de l’année 2025, les relations entre Washington et Pretoria connaissent une dégradation inédite. Les points de friction sont nombreux :


  • Les
    réformes foncières
    en Afrique du Sud et les accusations de violations des droits humains.
  • La
    saisine de la Cour internationale de justice (CIJ)
    par Pretoria contre Israël.
  • Le
    gel de l’aide américaine
    , notamment du programme PEPFAR contre le VIH/sida.
  • La controverse liée à la
    réinstallation d’Afrikaners
    aux États-Unis.

Ces tensions révèlent un bras de fer stratégique où se jouent des enjeux de souveraineté, de droits humains et d’équilibres internationaux.


Réformes foncières: expropriations et accusations américaines


En janvier 2025, Pretoria a adopté une loi permettant l’expropriation sans compensation pour corriger les inégalités héritées de l’apartheid. Washington a immédiatement critiqué la mesure, dénonçant une
"persécution"
des Afrikaners.

Un rapport américain sur la situation des droits humains a jugé que les conditions s’étaient détériorées en Afrique du Sud, mais Pretoria a rejeté ce document, le qualifiant de
"profondément erroné".

CIJ et Israël: la fracture géopolitique


L’Afrique du Sud a saisi la
Cour internationale de justice
en accusant Israël de génocide, une démarche saluée par certains pays du Sud mais perçue comme une provocation par Washington.

Le secrétaire d’État Marco Rubio a boycotté plusieurs réunions du G20, accusant Pretoria d’adopter une ligne
"anti-américaine"
. Ces tensions se doublent d’un rapprochement sud-africain avec la Russie et la Chine dans le cadre du BRICS.

Aide américaine réduite: conséquences sanitaires majeures


Les États-Unis ont annoncé la suspension de leur aide, incluant le programme
PEPFAR
, essentiel dans la lutte contre le VIH/sida. Or, ce financement représentait 17 % du budget sud-africain consacré à cette maladie.

Selon des experts, cette décision pourrait entraîner des centaines de milliers de morts et de nouvelles infections. Washington justifie sa position par l’orientation jugée hostile de Pretoria.


Afrikaners et ingérence américaine


Autre source de polémique: l’administration Trump a relancé un
programme de réinstallation des Afrikaners
, présenté comme une protection contre la
"persécution".

Près de 70 000 Sud-Africains auraient manifesté leur intérêt. Pour Pretoria, cette initiative relève d’une ingérence étrangère et d’une instrumentalisation des tensions raciales héritées de l’apartheid.


Enjeux stratégiques: souveraineté et dépendances économiques


  • Souveraineté politique:
    Pretoria affirme son indépendance stratégique via le BRICS et une politique étrangère non alignée.
  • Économie fragilisée
    : si les exportations sud-africaines vers les États-Unis atteignent 14,7 milliards de dollars, la perte des avantages commerciaux de l’AGOA pourrait avoir un impact considérable.
  • Santé publique menacée
    : la suspension de l’aide américaine fait planer un risque sanitaire majeur sur des millions de Sud-Africains.


Quelles perspectives pour Washington et Pretoria ?


L’avenir des relations américano-sud-africaines dépendra de la capacité des deux pays à maintenir un dialogue sans renoncer à leurs positions de principe.


Pretoria pourrait renforcer ses alliances avec la Chine, l’UE ou d’autres partenaires du Sud global.


Washington, de son côté, doit composer avec une Afrique du Sud incontournable sur les minerais stratégiques et la stabilité régionale.


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