La Tunisie est réputée, depuis belle lurette, pour la diversité de ses plantes aromatiques et médicinales. La distillation des fleurs est une pratique profondément ancrée dans la culture du pays, en particulier dans le gouvernorat de Nabeul qui vit pleinement et allègrement la reviviscence de la nature avec cette tradition qui constitue un art culturel ancestral bien préservé et transmis fidèlement de mères en filles.
La pérennisation du processus de distillation est une opération de longue haleine entreprise par les mères et les grands-mères à Nabeul dès le début de la saison printanière florale.
Anadolu est allée à la rencontre de Daouda Ben Salem, une mère de famille à Maâmoura, relevant du gouvernorat de Nabeul à l’est de la Tunisie, pour découvrir les secrets de cette pratique.
Une tradition ancestrale
Dès le petit matin, Daouda prépare ses ustensiles et commence avec habileté à distiller les pétales des roses, des fleurs de bigaradier, de géranium, et d’églantine de manière artisanale telle qu’elle l’a apprise religieusement de sa mère et de sa grand-mère.
La vapeur se transforme en gouttes d'eau parfumées avant de passer dans un grand récipient rempli d'eau froide.
Dès les premières gouttelettes, une senteur émoustillante flotte un peu partout dans l’air. La potion magique obtenue est recherchée pour ses nombreuses vertus thérapeutiques, cosmétiques et culinaires et même à des fins ornementales.
Dans sa description de la technique traditionnelle de distillation des fleurs, Daouda affirme que c’est est un processus complexe qui nécessite une grande expertise et des équipements spécialisés. L’opération ne prend pas moins de quatre heures pour les roses et trois heures pour les fleurs de bigaradier et de géranium.
La qualité avant tout
En vue de faire connaître son art ancestral et le perpétuer, Daouda participe depuis 2008 à plusieurs expositions dédiées à l'artisanat et à la sauvegarde du patrimoine dans plusieurs gouvernorats du pays: à Tunis, Ariana, Nabeul, Sfax et Zaghouan.
Concernant les prix, Daouda a précisé qu’ils varient, entre 50 dinars pour les deux litres de l’eau de fleur d’oranger, et entre 50 et 45 dinars pour la même quantité d'eau de rose, tandis qu'un seul litre d’eau d’églantine coûte entre 60 et 70 dinars.
L’artisane a également mis en avant la nécessité de choisir une eau florale de bonne qualité et de se méfier des fraudeurs, signalant que certains producteurs ajoutent de l'eau potable à l'eau des fleurs.
En travaillant avec une conscience nette et perfection, l’artisan gagne la confiance de ses clients. Ces derniers reviennent toujours vers lui à chaque saison pour acheter ses produits.
Daouda a saisi l'occasion pour inviter toutes les familles à préserver les coutumes traditionnelles, menacées d'extinction, avec les changements perpétuels que connaît la vie moderne.