
Le président de l'Observatoire de lutte contre l'islamophobie, organe du CFCM, Abdallah Zekri, dénonce vigoureusement le dernier sondage IFOP sur la "réislamisation" des musulmans de France. Il qualifie cette étude de sensationnaliste et conçue pour alimenter les discours sécuritaires. Zekri rappelle avoir déjà critiqué les méthodes de l'institut en 2020, pointant des biais méthodologiques persistants. Il dénonce un deux poids deux mesures médiatique où toute pratique religieuse musulmane est présentée comme un signe de radicalisation, contrairement aux autres religions. Le responsable musulman n'exclut pas d'engager des poursuites légales contre cette stigmatisation récurrente.
"On fabrique la peur"
Le dernier sondage IFOP sur la "réislamisation" des musulmans de France suscite une vive controverse. Abdallah Zekri, président de l'Observatoire de lutte contre l'islamophobie, dénonce une enquête conçue pour alimenter les discours anxiogènes.
Une étude taillée pour le sensationnalisme
Dans une déclaration exclusive, Abdallah Zekri s'indigne : le sondage IFOP constitue selon lui une étude taillée sur mesure pour alimenter les plateaux télévisés en frissons sécuritaires et offrir aux marchands de peur un matériau de choix.
Le vocabulaire employé par l'institut révèle, selon lui, une orientation problématique. Les termes utilisés - sur-religiosité, absolutisme religieux, rejet de la science, intégralisme, frérisme, islamisme multiforme - évoquent davantage un synopsis alarmiste qu'une étude sociologique rigoureuse.
Un schéma déjà dénoncé en 2020
Cette critique n'est pas nouvelle pour Abdallah Zekri. Dès 2020, le recteur de la mosquée de la Paix à Nîmes alertait déjà sur les méthodes de l'IFOP, affirmant que l'on effrayait les Français avec des chiffres bidons.
Cinq ans plus tard, le constat reste identique. Le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM) déplore que l'institut remette le couvert avec les mêmes biais, les mêmes angles et la même rhétorique anxiogène.
À l'époque, un précédent sondage IFOP affirmait que les jeunes musulmans placeraient la religion au-dessus des lois, déclenchant une polémique médiatique intense. Zekri avait alors rappelé une évidence basée sur son expérience : la réalité des mosquées françaises ne correspond pas aux descriptions alarmistes véhiculées.
Un débat juridique tranché par la justice
L'IFOP avait porté plainte contre Abdallah Zekri suite à ses critiques de 2020. La justice a tranché en faveur du président de l'Observatoire, considérant que ses propos relevaient du débat public légitime.
Cette décision judiciaire n'a pourtant pas mis fin aux pratiques dénoncées. Le nouveau sondage reproduit selon Zekri le même schéma : toute pratique religieuse musulmane est présentée comme un signe potentiel de radicalisation.
Un traitement différencié selon les religions
Le responsable musulman soulève une question fondamentale: imagine-t-on un tel traitement appliqué aux catholiques ou aux juifs? Sa réponse est catégorique : jamais. Seuls les musulmans sont systématiquement renvoyés au soupçon, à la menace et à l'altérité radicale.
Cette approche constitue selon Abdallah Zekri un deux poids deux mesures manifeste. Il est permis de critiquer les musulmans dans certains médias, mais contester les chiffres qui alimentent cette dynamique est mal perçu, voire sanctionné.
La liberté d'expression à géométrie variable
Le président de l'Observatoire de lutte contre l'islamophobie dénonce une liberté d'expression sélective : illimitée lorsqu'il s'agit de pointer du doigt les musulmans, mais restreinte lorsqu'il s'agit de critiquer la méthodologie qui les stigmatise.
Cette asymétrie médiatique contribue, selon lui, à créer un climat délétère pour la communauté musulmane française, qui représente plusieurs millions de citoyens.
Une fiction statistique qui fracture la société
Pour Abdallah Zekri, ce type de sondage ne produit pas une compréhension fine de la société française. Il s'agit plutôt d'une mise en scène, un récit d'hostilité croissante et de danger intérieur qui fabrique une fiction statistique.
Cette approche crée des lignes de fracture artificielles au moment où la France aurait besoin de nuances et d'apaisement dans le débat public sur l'islam et les musulmans.
Des poursuites légales envisagées
Face à ce qu'il qualifie d'acharnement persistant contre la communauté musulmane, Abdallah Zekri n'exclut pas de recourir aux voies légales. Cette menace d'action judiciaire vise à faire condamner les pratiques qu'il considère comme discriminatoires et stigmatisantes.
Le débat sur la méthodologie des sondages concernant les musulmans de France reste plus que jamais d'actualité, soulevant des questions essentielles sur la représentation médiatique des minorités religieuses et la responsabilité des instituts de sondage dans la construction du débat public.









