Abdi en costume et les mines posées sur la route

11:5721/11/2025, vendredi
MAJ: 21/11/2025, vendredi
Yahya Bostan

L’annonce du retrait du PKK de la région de Zap a suscité un large écho. Elle s’inscrit dans la continuité de la décision déclarée le 26 octobre de se retirer de la Türkiye. Cette zone était déjà sous contrôle grâce aux opérations Griffes-Lock. Mais dans les zones sécurisées par les forces turques, certains terroristes restaient retranchés dans des grottes. Ils se sont désormais repliés vers le sud. Leur nombre est estimé entre 20 et 30. Autant de combattants seraient également présents dans la

L’annonce du retrait du PKK de la région de Zap a suscité un large écho. Elle s’inscrit dans la continuité de la décision déclarée le 26 octobre de se retirer de la Türkiye. Cette zone était déjà sous contrôle grâce aux opérations Griffes-Lock. Mais dans les zones sécurisées par les forces turques, certains terroristes restaient retranchés dans des grottes. Ils se sont désormais repliés vers le sud. Leur nombre est estimé entre 20 et 30.
Autant de combattants seraient également présents dans la région de Metina.

Par cette initiative, l’organisation montre son attachement au processus. Mais il apparaît qu’elle attend certaines réponses avant de franchir des étapes plus concrètes.
Premièrement
: la visite de la Commission parlementaire à İmralı.
Deuxièmement
: un cadre politique et juridique concernant le retour des membres de l’organisation (autrement dit, le rapport de la Commission).
Troisièmement
: les évolutions en Syrie.

Le principe "un député de chaque parti"


Avec la création de la Commission au Parlement, le processus pour une Türkiye sans terrorisme est passé du terrain du renseignement à une dimension politique et sociale. Il est naturel que des idées divergentes émergent et que les débats s’intensifient.


La question de savoir si la Commission se rendra ou non à İmralı constituait un point d’interrogation. Il semble désormais résolu. La présence d’un député de chacun des cinq partis représentés au Parlement (cinq membres au total) apparaît comme une solution raisonnable pour une visite à İmralı.


Au fond, la position d’İmralı est connue. Si certains attendent malgré cela que les membres de la Commission s’y rendent, c’est que la dimension symbolique l’emporte sur le contenu. Cette question symbolique — susceptible d’entraîner un coût politique — a longtemps suscité des discussions. Pourtant, les véritables débats devraient se tenir dans les prochains jours, autour du
"cadre politique et juridique".
Ce cadre constitue la feuille de route définissant comment les membres de l’organisation ayant déposé les armes pourront revenir et selon quelles modalités.

Qui sera considéré comme impliqué dans des crimes et qui ne le sera pas… Quelle sera la procédure pour chacun… Qui sera incarcéré, et par quels moyens réintégrer les autres dans la société… Quelles étapes seront ajoutées… (Cette phase éclaircira également si la direction de l’organisation restera en Irak ou partira dans un troisième pays.) Lors de la prise de décision, le fragile équilibre entre sensibilité sociale, sécurité nationale, unité du pays et persuasion de l’organisation devra être scrupuleusement préservé.


Netanyahu est acculé, il peut frapper


L’une des dimensions du processus pour une Türkiye sans terrorisme concerne la Syrie. Certains développements sont positifs. L’accueil favorable réservé au président syrien al-Charaa à la Maison-Blanche et l’accord Türkiye–États-Unis–Syrie constituent un tournant. Mais ces avancées ne doivent pas nous rendre aveugles aux mines placées sur la route. Deux dossiers retiennent l’attention.


Premièrement
: Netanyahu fait face à une forte pression intérieure depuis que le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé le plan pour Gaza, lequel insiste clairement sur l’absence d’occupation ou d’annexion, et réaffirme explicitement le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à un État. L’accueil réservé par le président américain Trump à Ahmet al-Charaa et les signaux positifs concernant le sud de la Syrie constituent une nouvelle défaite pour le Premier ministre israélien. Netanyahu espérait annoncer à son opinion publique une bonne nouvelle dans le cadre des
"Accords d’Abraham"
. Mais le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, a déclaré à Washington :
"Nous participerons volontiers, mais nous voulons une feuille de route claire sur la solution à deux États".

Netanyahu est acculé. Il cherchera à provoquer. Depuis le début, son espoir était que le Hamas rompe le cessez-le-feu. Le Hamas ne le fait pas. Israël pourrait le faire. La visite du Premier ministre israélien avant-hier — un jour après la rencontre de Selman à la Maison-Blanche — aux forces d’occupation dans le sud de la Syrie vise d’une part à rassurer la frange radicale israélienne, mais d’autre part constitue un message dangereux adressé à la Türkiye, aux États-Unis (à Trump personnellement) et à l’Arabie saoudite :
une provocation majeure. Il ne serait pas surprenant qu’Israël cherche à étendre ses provocations au cadre du SDG.

Le SDG perd patience


Deuxièmement
: la rencontre entre Trump et Şara à la Maison-Blanche a provoqué un profond trouble au sein du SDG. Ils ont perçu que, sur la scène internationale, leur seul interlocuteur légitime était désormais l’État syrien. Lors de cet entretien, le dossier Daech est également passé du SDG à Damas. Le CENTCOM devra lui aussi s’adapter à cette nouvelle donne.

Quelques jours plus tard, le Forum de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient (MEPS 2025) s’est tenu à Duhok. Mazloum Abdi, figure du SDG, y est apparu en costume-cravate. Les médias proches de l’organisation ont diffusé ces images avec enthousiasme. Ils ont tenté d’atténuer la démoralisation provoquée par les images de Charaa à Washington en laissant entendre :
"Nous aussi, nous sommes reconnus sur la scène internationale."

Au forum, Mazloum Abdi a réaffirmé sa position :
"Il n’est plus possible que la Syrie demeure un État centralisé".
İlham Ahmed, également membre du SDG, a évoqué la notion de partenariat et de partage du pouvoir.

Le SDG tente de se présenter comme la seule victime du régime baasiste d’Assad. Pourtant, le régime a opprimé toutes les composantes de la société. Lorsque la guerre civile a éclaté, des millions de Syriens sont entrés en résistance,
mais le SDG n’a pas combattu Assad
. Il a plutôt cherché à accroître ses gains en collaborant avec les États-Unis. Le SDG n’a pas participé à la révolution syrienne. Il n’y a contribué en rien. Aujourd’hui pourtant, ils se comportent comme s’ils étaient les auteurs de cette révolution et réclament un
"partenariat".

Le SDG doit comprendre que le terrain se dérobe sous ses pieds, que son espace se réduit chaque jour davantage, et que l’accord qu’il signera demain sera plus limité que celui qu’il pourrait obtenir aujourd’hui. Sinon, son existence se transformera en une mine posée sur la route. Et nous savons ce que cela signifie.

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