Bangladesh: la Première ministre devant les dégâts des manifestations, larme à l'oeil

15:5825/07/2024, jeudi
AFP
La Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina pleure en visitant une station de métro à Mirpur vandalisée par des étudiants lors des manifestations contre les quotas.
Crédit Photo : Bureau du Premier ministre du Bangladesh / AFP
La Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina pleure en visitant une station de métro à Mirpur vandalisée par des étudiants lors des manifestations contre les quotas.

La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a visité jeudi les lieux endommagés par les manifestations des étudiants, luttant contre les quotas d'embauche dans la fonction publique et qui s'interrogent sur la suite de leur mouvement.

Les troubles de la semaine dernière, avec des affrontements entre les étudiants et les forces de l'ordre, ont fait au moins 193 morts, dont des policiers, selon une compilation effectuée par l'AFP à partir des bilans fournis par la police et les hôpitaux de ce pays du sud de l'Asie.


Le couvre-feu imposé en réaction aux débordements a été assoupli jeudi, avec la liberté de circuler entre 10H00 et 17H00, mais des milliers de soldats patrouillent encore dans les villes et une coupure d'internet reste en vigueur dans le pays.

Sheikh Hasina, confrontée à la pire vague de violences depuis son arrivée au pouvoir il y a 15 ans, s'est rendue en matinée dans une station de métro pour constater les dégâts sur le réseau ferroviaire reliant la capitale tentaculaire de 20 millions d'habitants à la banlieue, fermé à la suite d'attaques de la foule sur son réseau.


"Pendant 15 ans, j'ai construit ce pays"
, a-t-elle déclaré aux journalistes après sa visite, en condamnant les manifestants pour avoir endommagé les infrastructures.
"Qu'est-ce que je n'ai pas fait pour la population?"

"Qui a bénéficié de ce que nous avons fait?"
, s'est-elle aussi interrogée.
"Est-ce que c'est moi qui prends le métro? Est-ce que le gouvernement au juste prend le métro? Est-ce que nos ministres prennent le métro? Ou est-ce que c'est le grand public qui prend le métro?"
, a lancé la dirigeante de 76 ans.

Des photos publiées par ses services la montrent en train de pleurer dans une station de métro de Mirpur, dans la banlieue de Dacca. Cette station fait partie des lieux et infrastructures incendiés ou vandalisés au plus fort des troubles de la semaine dernière, avec des bâtiments gouvernementaux, le siège de la télévision nationale et des dizaines de postes de police.


Les rues de la capitale étaient engorgées par la circulation jeudi matin, contraste saisissant avec les rues désertées à la suite des affrontements entre manifestants et police. Les banques, bureaux de l'administration et usines de confection de vêtements - vitales pour l'économie du Bangladesh - avaient déjà rouvert leurs portes mercredi, après avoir été fermés la semaine dernière.

"Nous exigeons des excuses"


Les meneurs du mouvement des étudiants devaient se réunir jeudi pour décider de la prolongation ou non de la suspension des protestations, prévue jusqu'à vendredi.


Le groupe Étudiants contre la discrimination, responsable de l'organisation des rassemblements en juillet, a déclaré attendre certaines concessions de la part du gouvernement.
"Nous exigeons des excuses de la part de la Première ministre Sheikh Hasina à l'égard de la Nation pour le massacre d'étudiants"
, a déclaré à l'AFP l'un des coordinateurs du groupe, Asif Mahmud.
"Nous voulons aussi que soient renvoyés les ministre de l'Intérieur et de l'Éducation"
, a-t-il dit.

Asif Mahmud assure que le bilan officiel des manifestations meurtrières est minoré, et son groupe s'efforce d'établir sa propre liste de décès confirmés. La police a interpellé au moins 2.500 personnes depuis le début des violences, selon un décompte de l'AFP.

Les protestations avaient commencé après la réintroduction en juin d'un régime réservant à certains candidats plus de la moitié des emplois de la fonction publique, dont près d'un tiers pour les descendants de vétérans de la guerre d'indépendance du Bangladesh.


Dans ce pays d'Asie du Sud comptant quelque 18 millions de jeunes sans emploi, selon les chiffres officiels, ce système a suscité la colère des diplômés, confrontés à une crise aiguë de l'emploi. Ses détracteurs jugent que le système des quotas vise à réserver des emplois publics aux proches de la Ligue Awami de la Première ministre.

La Cour suprême a réduit le nombre de postes ainsi réservés dimanche, mais les manifestants veulent que ce système soit aboli. Mme Hasina dirige le pays depuis 2009 et a remporté sa quatrième élection consécutive en janvier, à l'issue d'un scrutin sans véritable opposition. Son gouvernement est accusé par les défenseurs des droits humains d'user abusivement des institutions de l'État pour asseoir son emprise et éradiquer la dissidence, en particulier par l'élimination d'opposants.


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