L'auteur juif-américain Avi Steinberg renonce à sa nationalité israélienne décrit comme un "outil de génocide"

La rédaction
16:168/01/2025, Wednesday
Yeni Şafak
L'auteur juif-américain Avi Steinberg a suscité l'intérêt de l'opinion internationale après avoir renoncé à sa nationalité israélienne, la qualifiant d'"outil de génocide".
L'auteur juif-américain Avi Steinberg a suscité l'intérêt de l'opinion internationale après avoir renoncé à sa nationalité israélienne, la qualifiant d'"outil de génocide".

Dans un article publié le 26 décembre 2024 sur le site Truthout, Avi Steinberg, écrivain et intellectuel juif-américain, a récemment attiré l'attention internationale en annonçant qu'il renonce à sa nationalité israélienne, détaillant les raisons derrière cette décision profondément symbolique.

Cet acte, selon lui, constitue une dénonciation des principes mêmes sur lesquels l'État d'Israël a été fondé, notamment son usage de la citoyenneté comme outil de domination et d'exclusion.


Une histoire ancrée dans le colonialisme


Steinberg retrace dans son texte les racines de la citoyenneté israélienne, qu'il qualifie d'outil central dans un projet de colonisation et d'effacement culturel des populations palestiniennes. Il met en lumière la Nakba, événement tragique qui a vu l'expulsion et le massacre de centaines de milliers de Palestiniens en 1948.
Ces actions ont pavé la voie à l'établissement de lois telles que la Loi du retour de 1950, qui accorde à chaque juif le droit d'émigrer et de s'installer en Israël, et la Loi sur la citoyenneté de 1952, qui détaille les conditions d'obtention de la citoyenneté israélienne, tout en abrogeant systématiquement les droits civiques des Palestiniens.

Ces lois, explique Steinberg, ne sont pas des anomalies dans un cadre démocratique, mais des piliers d’un système conçu pour maintenir une suprématie ethnique.
Elles ont institutionnalisé une forme de domination légale et sociale, forçant des générations de Palestiniens à vivre en exil ou sous occupation militaire.

Un parcours familial complexe


Né à Jérusalem de parents américains ayant émigré en Israël dans les années 1970, Steinberg incarne un paradoxe familial: ses parents, libéraux opposés à la guerre du Vietnam, ont néanmoins occupé des terres palestiniennes confisquées. Il révèle avec une certaine amertume que sa maison d'enfance se trouvait dans un village palestinien, Ayn Karim, vidé de ses habitants.


Pour Steinberg, cette dualité reflète la contradiction interne de nombreux Israéliens, qui se battent pour la paix tout en profitant des fruits d'une colonisation violente.
Cette conscience aiguë de son propre rôle dans ce système oppressif a façonné sa décision de rompre avec une citoyenneté qu’il considère comme illégitime.

Un acte politique et moral


Le geste de renoncer à la citoyenneté n’est pas seulement symbolique. Il s'agit d'un rejet actif des structures oppressives qu'elle soutient. Pour Steinberg, les documents officiels délivrés par Israël ne sont rien de moins que des
"faux"
, utilisés pour légitimer une domination coloniale.
Il souligne que les papiers d’identité, tout comme les murs de béton qui enferment Gaza, sont des armes de déshumanisation et de contrôle.

Renoncer à la citoyenneté israélienne est également une prise de position contre la normalisation des crimes de guerre commis par l’État. Il dénonce avec véhémence les bombardements continus de Gaza, décrivant ces actes comme des génocides, et appelle la communauté internationale à reconnaître et à agir contre ces atrocités.


Libérer par la décolonisation


Pour Steinberg, la libération de la Palestine passe par un processus de décolonisation. Il insiste sur l’importance de démanteler les structures matérielles et narratives qui maintiennent l’oppression, qu’il s’agisse de lois, de propagande ou d’infrastructures physiques. Il appelle les Juifs de la diaspora et les Israéliens à rejoindre ce combat, soit en résistant depuis l’intérieur, soit en soutenant activement le mouvement depuis l’étranger.


Il ne se contente pas d’une critique des politiques israéliennes actuelles. Steinberg élargit son analyse en comparant la colonisation israélienne à d’autres formes de colonialisme, établissant un lien avec les luttes autochtones dans des pays comme les États-Unis et l’Australie. Cette perspective globale renforce son appel à une solidarité internationale.


Un judaïsme radicalement éthique


Steinberg base également son argument sur une interprétation éthique du judaïsme. Il rejette l’idée que la foi juive puisse justifier la possession de terres ou la colonisation. Au contraire, il cite la Torah comme un texte qui condamne l’oppression et prône la justice sociale.
Pour lui, le sionisme n’a rien à voir avec l’histoire ou les traditions juives, mais constitue un projet colonial déguisé sous un discours religieux.

Cette vision du judaïsme, centrée sur la responsabilité morale plutôt que sur la revendication territoriale, constitue une critique directe de la manière dont la religion est souvent utilisée pour justifier l’occupation.


Une invitation à l'action


Enfin, Steinberg appelle à des actions concrètes. Il invite les Israéliens à refuser de participer à la conscription militaire, à s’engager dans les mouvements de résistance dirigés par des Palestiniens, et à contribuer à la démolition des structures de pouvoir colonial. Pour ceux qui, comme lui, bénéficient de privilèges en raison de leur citoyenneté, il propose le renoncement de ce privilège comme un premier pas.


Avi Steinberg n'est pas le premier à renoncer à sa citoyenneté israélienne, mais son acte résonne comme un appel à reconsidérer les fondements mêmes de l'État d'Israël.
Il nous rappelle que la citoyenneté, loin d'être une simple formalité administrative, est souvent une arme politique.
Par son geste, il ouvre un débat essentiel sur la légitimité, la morale et l'avenir d’un État construit sur l’exclusion.

Son exemple illustre la puissance des gestes individuels dans le cadre de luttes collectives. En renonçant à sa citoyenneté, Avi Steinberg choisit de se tenir du côté de l'histoire, celui de la justice et de la dignité humaine.


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