
Le président de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, fait face mercredi à l'épreuve des urnes lors d'élections législatives considérées comme un référendum de mi-mandat pour son programme conservateur, à la suite d'une campagne qui a éludé de nombreux problèmes réels du pays.
M. Yoon et son principal adversaire, Lee Jae-myung, du Parti démocrate (centre-gauche), grièvement blessé il y a trois mois dans une attaque au couteau, se sont livrés durant la campagne à une bataille de chiffonniers qui pourrait donner un coup de fouet à un parti antisystème naissant, et rebuter encore davantage les jeunes électeurs de ce pays de 51 millions d'habitants.
M. Yoon avait battu M. Lee de justesse lors de la présidentielle de 2022. Il a, depuis, mené une politique de fermeté à l'égard de la Corée du Nord tout en renforçant l'alliance de son pays avec les Etats-Unis et en se rapprochant du Japon, ancienne puissance coloniale avec laquelle les querelles historiques sont nombreuses.
Mais Lee Jae-myung, englué dans une série d'enquêtes pour corruption qu'il estime motivées par des considérations politiques, cherche maintenant à se venger, en espérant renforcer la majorité parlementaire de son Parti démocratique (PD), ce qui pourrait lui permettre de destituer M. Yoon.
Depuis le début de sa présidence, la cote de popularité de Yoon Suk Yeol n'a jamais décollé, restant souvent autour de 30%, et son absence de majorité parlementaire a entravé son programme politique socialement conservateur.
Déclin démographique
L'évolution démographique de la Corée du Sud joue toutefois en faveur de M. Yoon, les électeurs âgés -réputés plus conservateurs- étant désormais plus nombreux que les jeunes.
Le taux d'abstention promet d'être massif chez les jeunes, dont beaucoup se disent découragés par une classe politique dominée par des hommes âgés qui ignorent leurs préoccupations telles que le coût du logement ou la précarité de l'emploi.
Beaucoup estiment que ce travers a été mis en évidence de façon flagrante lors de la tragique bousculade de Halloween à Séoul en octobre 2022 qui avait fait plus de 150 morts, essentiellement des jeunes. Le drame a été imputé à une cascade de négligences de la part des autorités.
Le ton de la campagne a également rebuté de nombreux électeurs. Le débat politique de fond a été inexistant, remplacé par des appels à "emprisonner" M. Lee ou à "punir" M. Yoon, des discours haineux et une désinformation en ligne qui, redoutent les experts, pourrait conduire à d'autres agressions physiques comme celle dont M. Lee a été victime en janvier.
Canard boiteux ou canard mort
Une nouvelle formation, le Parti Reconstruire la Corée, a récemment connu une poussée dans les sondages, capitalisant sur le mécontentement à la fois à l'égard du gouvernement et de l'opposition.
Elle est dirigée par un ancien ministre de la Justice, Cho Kuk, condamné à deux ans de prison pour avoir falsifié des documents afin de faciliter l'accès de ses enfants à des universités prestigieuses. Il a fait appel du jugement.
Le programme de son parti antisystème est des plus maigres, mais les sondages le donnent au coude-à-coude avec le Parti du pouvoir au peuple (PPP) de M. Yoon. De quoi le transformer en faiseur de roi au Parlement.
Les bureaux de vote ont ouvert à 06H00 (21H00 GMT mardi) et fermeront à 18H00 (09H00 GMT). Les résultats sont attendus dans la nuit de mercredi à jeudi.









