
Jean-Luc Mélenchon accuse la Commission européenne de menacer la France d’un blocage des versements européens si elle ne respecte pas ses engagements budgétaires. Dans un message publié vendredi sur Threads, un réseau social basé aux États-Unis, le chef de file de La France insoumise dénonce un "chantage inacceptable" de Bruxelles et appelle l’État français à "répliquer", notamment en suspendant ses propres versements à l’Union européenne.
Il s’agit d’une réaction directe aux avertissements émis ces derniers jours par la Commission. Le commissaire européen à l’Économie, Valdis Dombrovskis, a déclaré que la suspension de la réforme des retraites par le gouvernement français aurait "des conséquences budgétaires importantes", et que Paris devait prendre des mesures correctrices pour respecter sa trajectoire de réduction du déficit. Ces propos font suite à l’abandon temporaire d’une réforme jugée centrale pour la crédibilité budgétaire de la France.
Dans ce contexte, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est rendue à Paris ce vendredi matin, où elle a été reçue à l’Élysée par Emmanuel Macron. Aucun compte rendu officiel n’a été diffusé à l’heure de publication, et aucun propos public sur le budget français n’a été formulé par la dirigeante européenne au cours de cette visite.
La réforme des retraites, imposée par l’article 49.3 de la Constitution en 2023, est gelée depuis la crise politique ouverte par la démission et la deuxième nomination de Sébastien Lecornu en tant que Premier ministre. Le gouvernement, en recherche de majorité à l’Assemblée nationale, a suspendu cette réforme en affirmant vouloir privilégier la stabilité institutionnelle. Ce geste, qui était censé faciliter la formation d’un gouvernement, a été perçu à Bruxelles comme un recul préoccupant.
Le budget 2026 est examiné par le Parlement français. Le Conseil d’analyse économique estime à 112 milliards d’euros l’effort à produire sur six ans pour stabiliser la dette autour de 124 % du PIB. Or, selon Bercy, le déficit atteindra 5,4 % du PIB en 2025, et l’État prévoit 310 milliards d’euros d’emprunts en 2026, soit un niveau record. Le projet initial de budget envisageait une réduction du déficit à 4,7 % en 2026, mais cette trajectoire repose en partie sur la réforme des retraites aujourd’hui suspendue.
Dans ce contexte, la France, qui est officiellement sous procédure pour déficit excessif, pourrait, à terme, faire face à des sanctions prévues par le droit européen. Ces mesures peuvent inclure une amende ou la suspension partielle de financements européens, dans des proportions définies par le Pacte de stabilité.