Ukraine, Europe : "Le défi des défis est de rester libre", martèle Macron

10:0614/05/2025, mercredi
MAJ: 14/05/2025, mercredi
AFP
Le président français Emmanuel Macron (G) apparaît avec le journaliste français Charles Bietry sur les écrans de la salle de contrôle principale de la chaîne française TF1 lors de sa participation à une émission spéciale à Saint-Denis, au nord de Paris, le 13 mai 2025.
Crédit Photo : Ludovic MARIN / AFP
Le président français Emmanuel Macron (G) apparaît avec le journaliste français Charles Bietry sur les écrans de la salle de contrôle principale de la chaîne française TF1 lors de sa participation à une émission spéciale à Saint-Denis, au nord de Paris, le 13 mai 2025.

Le président Emmanuel Macron, martelant que "rester libre" demeurait le "défi des défis", a annoncé mardi que les Européens allaient augmenter la pression sur la Russie via des "sanctions" si elle n'applique pas le cessez-le-feu proposé en Ukraine et a proposé d'avancer vers un élargissement en Europe du parapluie nucléaire français.

"Le défi des défis est, dans un monde de plus en plus dangereux, incertain, de rester libre",
a-t-il lancé sur la chaîne TF1 au début d'une émission de plus de deux heures intitulée "Les défis de la France", au cours de laquelle il a longuement défendu son bilan économique et social.

"Notre volonté, c'est de prendre des sanctions"
dans les prochains jours si la Russie
"confirme le non-respect"
d'un cessez-le-feu, a-t-il assuré.

Emmanuel Macron a évoqué notamment des
"sanctions secondaires"
pour les
"revendeurs"
de
"services financiers"
ou d'
"hydrocarbures"
, alors que Moscou n'a toujours pas répondu à la proposition des Européens, relayée par les Etats-Unis, d'un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours en Ukraine.

Un tel cessez-le-feu doit ouvrir la voie à des négociations
"territoriales"
, a-t-il ajouté, pointant des choix douloureux à venir pour les Ukrainiens déjà évoqués par l'administration de Donald Trump.

"Même les Ukrainiens eux-mêmes ont la lucidité de dire (...) qu'ils n'auront pas la capacité de reprendre l'intégralité de ce qui est pris depuis 2014"
par la Russie, a déclaré le chef de l'Etat français, avant une possible rencontre russo-ukrainienne lors d'un sommet jeudi à Istanbul, auquel participera le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio.

"Honte" à Gaza


Dans les réflexions sur la défense européenne, la France est
"prête à ouvrir"
une discussion sur le déploiement d'avions français armés de
"bombes"
nucléaires dans d'autres pays européens, à l'instar de ce que font les Américains pour partager leur parapluie atomique, a par ailleurs annoncé Emmanuel Macron.

Plusieurs pays européens, de l'Allemagne à la Pologne, s'intéressent à l'idée française d'un parapluie nucléaire s'élargissant à l'Europe, alors que les Etats-Unis montrent des velléités de désengagement du continent.

"J'en définirai le cadre de manière très officielle dans les semaines et les mois qui viennent",
a dit M. Macron.

Il a posé trois conditions à cette réflexion sur la dissuasion nucléaire française:
"la France ne paiera pas pour la sécurité des autres", "ça ne viendra pas en soustraction de ce dont on a besoin pour nous",
et enfin
"la décision finale reviendra toujours au président de la République, chef des armées".

Le président français a aussi eu des mots très forts à l'encontre de la guerre menée à Gaza par Israël.

"Ce que fait aujourd'hui le gouvernement de Benjamin Netanyahu (à Gaza) est inacceptable"
,
"c'est une honte"
, a-t-il estimé mardi, tout en soulignant que ce n'était pas à lui, mais aux
"historiens"
de dire s'il s'agissait d'un
"génocide"
.

Il a également estimé que la question d'une révision des "accords de coopération" entre UE et Israël était
"ouverte".

Impopularité


Le chef de l'Etat, qui tente de renouer avec les Français après le pari raté de la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, a répondu aux questions de journalistes, de personnalités issues de la société civile - influenceur, chef d'entreprise, leader syndical, maire - et de Français anonymes.


Son interventionnisme diplomatique dans une situation internationale très tendue lui fait sortir, un peu, la tête de l'eau dans les sondages après les records d'impopularité enregistrés à l'automne.

Privé de majorité à l'Assemblée, cantonné à son rôle diplomatique dans un contexte de vives tensions planétaires, M. Macron a largement réinvesti le champ de la politique nationale, des prisons à la politique fiscale en passant par le financement du modèle social, prônant notamment la tenue
"dans les prochaines semaines d'une "conférence sociale".

Lors de l'émission, M. Macron a exclu une nationalisation d'ArcelorMittal, qui a annoncé la suppression de plus de 600 postes en France, une demande de syndicats, de salariés et de la gauche.

Il a déclaré vouloir organiser plusieurs référendums
"en même temps"
dans les
"mois qui viennent"
sur de
"grandes réformes économiques, éducatives ou sociales"
, voire sur la fin de vie, si la proposition de loi en cours d'examen à l'Assemblée nationale devait
"s'enliser".

Il a toutefois exclu tout référendum sur le thème de l'immigration, malgré les demandes répétées de la droite et de l'extrême-droite, comme sur la réforme très contestée des retraites adoptée en 2023. Il a opiné en faveur de l'interdiction des mariages si un futur époux réside de façon irrégulière en France.


Emmanuel Macron s'est aussi prononcé contre le port de signes religieux, comme le voile islamique, dans les compétitions sportives, mais il a jugé que pour la pratique sportive (hors compétitions), c'était aux fédérations sportives
"de décider".

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