
Dans la soirée du samedi 29 octobre 2022, les festivités de Halloween battaient leur plein à Itaewon, un quartier central animé de Séoul. Mais la liesse a viré au cauchemar, une bousculade ayant fait près de 160 morts.
Un an après, en dépit d'une enquête de la police et de poursuites engagées contre des responsables locaux, les familles des victimes cherchent toujours des réponses.
Que s'est-il passé?
Des survivants ont raconté avoir été pris au piège dans une foule incroyablement dense, balayés et étouffés sous la pression des corps autour d'eux, alors que des dizaines de milliers de personnes déambulaient en soirée à Itaewon.
Le lieu où la bousculade s'est produite à partir de 22H15 est un goulot d'étranglement large d'à peine plus de trois mètres par endroits, et en pente entre des ruelles de bars et de boîtes de nuit.
Qu'a dit l'enquête officielle?
La catastrophe aurait pu être largement évitée, selon la vaste enquête de la police.
Il n'y avait qu'une faible présence policière et aucun plan de gestion des foules n'avait été prévu, comme l'événement n'avait pas d'organisateur officiel.
L'enquête policière a noté d'énormes défaillances, tant au niveau de l'anticipation de l'ampleur des festivités qu'au niveau de l'intervention après le drame. Le manque de coopération des autorités et les lenteurs de communication ont contribué à alourdir le bilan humain.
La police s'est cependant gardée de désigner des responsables précis au sein de son institution ou du gouvernement.
Quelles conséquences?
Seuls des responsables de rang intermédiaire au sein de la police et des autorités locales de Yongsan - l'arrondissement de Séoul dont Itaewon fait partie - ont été arrêtés en étant accusés de négligence, avant d'être libérés sous caution dans l'attente de leurs procès. Aucune condamnation n'a encore été prononcée dans cette affaire.
Très critiqué pour sa gestion de la catastrophe, le ministre de l'Intérieur Lee Sang-min a été suspendu de ses fonctions en février après avoir été visé par une motion de destitution votée au Parlement, contrôlé par l'opposition.
Mais en juillet, la Cour constitutionnelle a rejeté sa destitution et Lee Sang-min a repris son poste à l'Intérieur.
Que veulent les familles des victimes?
Les proches des victimes réclament toujours des informations précises sur les circonstances du drame. Ils veulent aussi des condamnations en justice et une révision des procédures de gestion des foules pour éviter qu'un tel désastre ne se reproduise.
Beaucoup d'entre eux ont estimé que la police n'avait pas pu enquêter de manière impartiale, étant elle-même directement impliquée dans l'affaire, et exigent l'adoption d'une loi pour imposer une enquête indépendante, afin notamment de déterminer le degré de responsabilité des divers acteurs concernés.
Qu'est-il prévu cette année?
La police a renforcé ses préparations de gestion des foules et a mené cette semaine un exercice utilisant un réseau de près d'un millier de caméras de vidéosurveillance soutenues par un système d'intelligence artificielle pour signaler des situations d'affluence dangereuses.
Cependant les célébrations de Halloween à Séoul s'annoncent très discrètes cette année. Certains arrondissements de la capitale ont initialement décidé de les interdire, mais ont vite rétropédalé après avoir été accusés de choisir la facilité plutôt que de mieux organiser la gestion des foules.
A Itaewon, les lieux de la vie nocturne ont décidé d'eux-mêmes de ne pas célébrer Halloween cette année, et pas la moindre décoration associée à cette fête n'est visible dans le quartier.
Les autorités sud-coréennes n'ont pas prévu de commémoration officielle de la tragédie, mais les familles des victimes organisent dimanche une cérémonie du souvenir à Itaewon.









