Dubaï: quand des Emiratis préfèrent le camping aux luxes des gratte-ciel

La rédaction avec
15:5927/02/2025, الخميس
AFP
Face aux gratte-ciel de Dubaï, des Émiratis renouent avec la tradition bédouine du camping, le 27 février 2025.
Crédit Photo : FADEL SENNA / AFP
Face aux gratte-ciel de Dubaï, des Émiratis renouent avec la tradition bédouine du camping, le 27 février 2025.

Sur une bande de sable en bord de mer, face aux gratte-ciel scintillants de Dubaï, des habitants du riche émirat du Golfe retrouvent les plaisirs simples du camping, perpétuant une tradition héritée de leurs origines bédouines.

La présence de dizaines de caravanes alignées, entourées d'installations sommaires, contraste avec l'image de luxe et de consumérisme associée à Dubaï, où se dresse en toile de fond la silhouette du Burj Khalifa, la plus haute tour du monde.


Khaled Al-Kaissi, un Emirati de 38 ans, apprécie le confort moderne et l'abondance des services assurés par une main-d'œuvre étrangère bon marché, principalement venue d'Asie. Mais
"parfois ce sont des choses simples dont vous avez besoin"
, explique-t-il, évoquant son envie de
"simplicité et d'humilité".

Sur le sable, certains installent des tapis et coussins pour créer un
"majlis"
, un espace d'accueil traditionnel dans le Golfe, tandis que d'autres se contentent de chaises de camping.

Un retour aux racines bédouines


Avant la découverte du pétrole dans les années 1960, les Émirats arabes unis étaient en grande partie désertiques. Moins riche en hydrocarbures que ses voisins, Dubaï a été l'une des premières villes de la région à diversifier son économie, se transformant en une métropole ultra-moderne et une destination touristique prisée grâce à des projets pharaoniques. Aujourd'hui, les expatriés représentent près de 90 % de la population.


Malgré cette transformation rapide, les Emiratis restent attachés à la culture du plein air, surtout lorsque les températures deviennent plus clémentes et permettent de quitter les centres commerciaux climatisés.

"L'idée vient de nos arrières-arrières-grands-parents, qui vivaient dans le désert. Ils nous ont transmis cette tradition et on adore ça",
confie Wissam Hamad Skandarani, un Américano-Palestinien de 33 ans dont la mère est émiratie. Après sa journée de travail dans le quartier financier de Dubaï, il retrouve ses amis chaque soir sur ce site.
"Vous avez la ville et la mer en face. Vous avez la vue.
(...)
C'est le paradis"
, s'enthousiasme-t-il.

Un espace menacé par l'urbanisation galopante


Ahmed Rashed Al-Ali, venu de l'émirat voisin de Ras Al-Khaimah, parcourt la région avec sa caravane depuis trois ans.
"Avant, on dressait la tente à un seul endroit, mais le camping s'est modernisé avec la caravane: un jour en montagne, un jour à la plage, un jour dans le désert"
, explique-t-il.

Cependant, cet espace de liberté pourrait bientôt disparaître sous la pression de l'urbanisation effrénée de Dubaï.
"On s'attend à ce qu'un moment ils viennent nous dire qu'un projet va être construit et nous demandent de nous déplacer"
, anticipe Mohammed Chammas, un industriel de 46 ans.

En attendant, les amateurs de camping profitent de ce lieu préservé, partageant l'adresse sur internet pour admirer gratuitement la vue sur le Burj Khalifa et ses 160 étages, un panorama généralement réservé aux visiteurs fortunés.

Pour Sophie Ullrich, une Allemande de 34 ans qui explore les déserts du Golfe en camping-car avec son mari, l'expérience est
"incroyable"
.
"On s'est assis devant la voiture... J'ai eu l'impression que c'était surréaliste"
, raconte-t-elle, émerveillée par le contraste entre les dunes et la skyline futuriste de Dubaï.

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