En Chine, on plonge les centres de données dans la mer

09:313/10/2025, Cuma
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Près de Shanghai, un projet pilote veut démontrer la viabilité commerciale des data centers sous-marins.
Crédit Photo : STR / AFP
Près de Shanghai, un projet pilote veut démontrer la viabilité commerciale des data centers sous-marins.

Moteurs indispensables d’internet, les centres de données produisent une chaleur considérable qui alourdit leur facture énergétique. En Chine, une entreprise s’apprête à immerger un centre de données en mer, avec l’ambition de réduire les coûts environnementaux et économiques de ces infrastructures.

Près de Shanghai, la société Highlander finalise l’assemblage d’équipements, de câbles et de structures qui seront plongés mi-octobre dans la mer Jaune, au large de la métropole de 24 millions d’habitants. Ce projet vise à valider la viabilité commerciale d’une technologie encore expérimentale, qui soulève toutefois des questions environnementales.


Les sites internet et applications reposent sur ces installations physiques pour stocker les données. L’essor de l’intelligence artificielle (IA) accentue encore cette demande exponentielle.

"Le milieu sous-marin bénéficie de certains avantages naturels"
, explique Yang Ye, vice-président de Highlander. Les serveurs profitent du refroidissement naturel des courants marins, contrairement aux data centers terrestres qui nécessitent une climatisation énergivore.

En 2018, Microsoft avait déjà testé une capsule de ce type au large de l’Écosse. Mais le projet chinois se distingue en visant un déploiement commercial, avec pour principaux clients les entreprises de télécommunications et spécialisées dans l’IA. Pékin encourage ces initiatives afin de limiter l’empreinte carbone du numérique. Highlander a d’ailleurs reçu 40 millions de yuans (4,8 millions d’euros) pour un projet similaire à Hainan, en 2022.

90 % d’économie énergétique grâce au refroidissement marin


"Les installations sous-marines permettent d’économiser environ 90 % de l’énergie utilisée pour le refroidissement"
, assure Yang. Le centre, assemblé à terre puis immergé, sera alimenté à plus de 95 % par des énergies renouvelables, principalement grâce aux parcs éoliens en mer voisins.

Mais les défis techniques demeurent nombreux : garantir l’étanchéité des capsules, prévenir la corrosion grâce à un revêtement spécial en particules de verre, et assurer la stabilité de la connexion internet avec le continent.
"Nous avons fait face à des défis plus importants qu’attendu"
, reconnaît Zhou Jun, ingénieur sur le projet.

Selon Shaolei Ren, professeur en génie électrique et informatique à l’Université de Californie à Riverside, ces projets doivent d’abord prouver leur
"faisabilité technologique"
.

Pollution thermique et risques pour la biodiversité marine


Au-delà de la technique, l’impact sur l’écosystème marin suscite des inquiétudes. Des chercheurs américains et japonais ont montré que ces structures pouvaient être vulnérables à des attaques par ondes sonores. L’écologiste Andrew Want (Université de Hull, Royaume-Uni) alerte surtout sur la pollution thermique : la chaleur dégagée pourrait attirer certaines espèces marines et en repousser d’autres.

Highlander affirme qu’une étude indépendante menée en 2020 près de Zhuhai avait conclu que l’eau environnante restait sous les seuils critiques. Mais Shaolei Ren prévient:
"Plus les centres se multiplient, plus la chaleur dégagée augmente."

Selon lui, ces infrastructures doivent être vues comme un complément aux centres terrestres traditionnels:
"Elles ne vont sans doute pas se substituer aux installations existantes, mais elles peuvent répondre à des besoins spécifiques."

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