L’accord de paix annoncé par le président américain Trump après sa rencontre avec le Premier ministre israélien Netanyahu ressemble, du fait qu’il n’implique pas de négociation directe avec le Hamas, à un ultimatum qui satisfait pour l’instant les conditions d’Israël.
Trump, qui a laissé entendre qu’il soutiendrait l’anéantissement complet du Hamas si celui-ci n’acceptait pas, paraît en partie avoir reculé par rapport à son projet initial — le plan dit de la "Riviera du Moyen-Orient" (qui envisageait la relocalisation des Palestiniens hors de Gaza) — en promettant que les Palestiniens pourraient rester sur place et circuler librement à Gaza. La partie la plus difficile à mettre en œuvre de la proposition de Trump demeure cependant le désarmement du Hamas : il n’est pas clair comment le Hamas accepterait aujourd’hui une disposition de dépôt des armes qu’il avait déjà rejetée, et il est fort possible qu’Israël saisisse cette situation comme prétexte pour relancer les hostilités.
Trump propose que Gaza soit administrée par un "Conseil international de la paix" placé sous sa présidence symbolique, tout en imposant comme condition que l’Autorité palestinienne se réforme pour être en mesure de gérer Gaza. Le plan, manifestement destiné à satisfaire Netanyahu, se heurte à des obstacles sérieux ; cependant, l’espoir que la tuerie de plus de deux ans prenne fin n’est pas totalement irréaliste. Des facteurs comme la réaction des pays arabes et de Türkiye face à l’attaque d’Israël contre le Qatar, la reconnaissance de la Palestine par plusieurs pays occidentaux aux Nations unies, la perte de prestige des États-Unis et la volonté de Trump de passer à l’histoire comme le dirigeant qui a assuré la paix expliquent en partie l’émergence de ce plan. Le fait que la seule puissance capable d’arrêter Israël — les États-Unis — se mobilise sous la pression internationale est un élément important, mais la probabilité que ce texte instaure une paix durable paraît faible.
La raison fondamentale de l’échec récurrent des initiatives de cessez-le-feu et de paix tient, selon le texte, à la capacité d’Israël à faire oublier son statut d’occupant sur les terres palestiniennes. Washington a accepté — en cadrant les destructions, les épurations ethniques et le processus qualifié ici de génocide des deux dernières années comme une réponse aux attaques du 7 octobre et comme une question de sécurité nationale israélienne — de ne pas remettre en cause cette réalité d’occupation.
Tant que le droit d’Israël à mener des opérations militaires dans la bande de Gaza ne sera pas interrogé et que la réalité de l’occupation ne sera pas mise à l’ordre du jour, les initiatives de paix ne pourront être durables. Même si un cessez-le-feu était obtenu, sans une pression sérieuse pour mettre fin à l’occupation, l’accord ne dépasserait pas le stade d’échanges de prisonniers, d’acheminement d’aides humanitaires et de mesures partielles de reconstruction.
On sait que le processus de "paix" sous conduite américaine a été utilisé à des fins d’extension et de pérennisation de l’occupation. Washington n’a jamais réellement supporté le coût politique de contraindre Israël à accepter une solution à deux États. Malgré le caractère illégal au regard du droit international et même des lois américaines de l’expansion continuelle des colonies par Israël, les administrations américaines ont été incapables de contrer ce processus.
Après une administration Biden timorée qui s’est contentée d’exprimer son malaise sans traduire cela en actions concrètes, l’administration Trump, qui s’est brièvement engagée dans un conflit limité avec l’Iran suite aux manipulations de Netanyahu, n’a pas davantage pris de mesures effectives pour mettre fin à l’occupation.
Si l’accord porte ses fruits, Trump n’hésitera pas à récolter le crédit politique. En cas d’échec, il n’hésitera pas à imputer la responsabilité au Hamas, aux Palestiniens ou aux États arabes. Hors de l’aide à l’autodéfense d’Israël, les États-Unis ne souhaitent apparemment pas payer un prix politique très élevé.
L’accord, qui consigne par écrit les demandes israéliennes, présente une double logique : il lance un ultimatum au Hamas tout en envisageant qu’un temps de transition voit la gestion de Gaza confiée, dans un premier temps, à l’équipe Trump-Blair. Compte tenu de l’ampleur du désastre humanitaire auquel sont confrontés les Gazaouis, l’arrêt des opérations israéliennes serait en soi un gain, mais la réussite d’un plan qui table sur un retrait progressif d’Israël et la création d’une zone tampon au périmètre de Gaza paraît peu probable. Tout modèle qui ne confronte pas le statut d’occupant d’Israël et qui n’accorde pas aux Palestiniens la gouvernance autonome est, selon le texte, condamné à retarder la guerre à une autre saison plutôt qu’à garantir une paix durable.
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