À mesure que les Gazaouis meurent, ils renaissent ; les autres, eux, meurent en vivant

19:2317/05/2025, Cumartesi
MAJ: 19/05/2025, Pazartesi
Yasin Aktay

Le voyage dans le Golfe du président américain Donald Trump, organisé pour collecter des fonds, a été le théâtre d’événements intéressants. Les démonstrations d’enthousiasme excessif pour Trump, venu leur soutirer de l’argent, relèvent bien sûr de la psychologie politique. Des analyses très intéressantes peuvent être faites à ce sujet. L’enthousiasme d’accueillir des hôtes de marque avec des protocoles d’hospitalité propres à la culture traditionnelle bédouine arabe, ainsi que le désir exagéré de

Le voyage dans le Golfe du président américain Donald Trump, organisé pour collecter des fonds, a été le théâtre d’événements intéressants. Les démonstrations d’enthousiasme excessif pour Trump, venu leur soutirer de l’argent, relèvent bien sûr de la psychologie politique. Des analyses très intéressantes peuvent être faites à ce sujet. L’enthousiasme d’accueillir des hôtes de marque avec des protocoles d’hospitalité propres à la culture traditionnelle bédouine arabe, ainsi que le désir exagéré de montrer des éléments propres à l’arabité, révèlent aussi en même temps une volonté de dissimuler des valeurs arabes bien plus importantes. Ce qui est présenté ici, dit-il quelque chose de l’honneur arabe, de la culture, des valeurs ?


La façon dont des jeunes filles balancent leurs cheveux de droite à gauche pour accueillir un étranger n’est pas, à notre connaissance, un comportement bien vu chez les Arabes post-islamiques. Les femmes mises en scène dans ce spectacle semblent dépourvues de tous leurs droits, sans aucune reconnaissance de personnalité, comme surgies des profondeurs de l’ignorance arabe. Qui pourrait s’attendre à ce que quelqu’un qui traverse un tel défilé s’intéresse à quelque chose d’arabe ou en soit admiratif ?


"OÙ EST L’HONNEUR ARABE ?"


Pendant l’accueil fastueux de Trump, Israël, enhardi par le plein soutien des États-Unis, bombardait à nouveau des civils à Gaza. Depuis le 7 octobre, le génocide perpétré par Israël à Gaza a coûté la vie à près de 60 000 personnes, dont au moins 20 000 enfants. Ces attaques, qui ciblent hôpitaux, écoles, mosquées, églises, crèches et journaux, sont menées avec les bombes, les armes et bien sûr le soutien politique total des États-Unis. Que ces attaques aient continué sans relâche durant la visite de Trump, avec au moins 100 personnes massacrées en une seule nuit, constitue en réalité une honte immense pour le monde islamique. Comme le crie l’artiste libanaise Julia Boutros dans sa célèbre chanson face aux massacres infligés aux Palestiniens : "Où est l’honneur arabe ?"


CHAQUE ENFANT TUÉ À GAZA TUE AUSSI L’HONNEUR ARABE


Les enfants massacrés ne sont pas seulement palestiniens, c’est l’honneur arabe lui-même qui est visé avec eux. L’honneur arabe ne se redresse nullement par de grandes démonstrations de force ou des spectacles exagérés coûtant des milliards de dollars. Chaque enfant tué à Gaza tue aussi l’honneur arabe. Alors que Gaza est réduite en ruines, que les populations veulent être déportées, que des gens sont condamnés à la faim dans une opération de nettoyage ethnique qualifiable de génocide, ce qui est balayé, c’est l’honneur arabe. Tandis que la conscience du monde entier gémit et se soulève dans l’indignation, l’honneur arabe, lui, reste immobile et se dessèche avec cette sécheresse de conscience.


LA FORCE N’EST PAS DANS L’ARME, MAIS DANS LA MAIN QUI LA TIENT


Même quand chacun d’eux achète des centaines de milliards de dollars d’armes aux États-Unis, cela ne crée ni une véritable puissance arabe, ni une force capable de sauver l’honneur arabe. Ils en avaient déjà acheté des milliards auparavant. Pourtant, avec ces armes, aucun n’a pu faire face aux problèmes qu’il avait en interne. Au Yémen, malgré toutes ces armes, ils n’ont pas pu empêcher les Houthis de prendre le contrôle. Au Soudan, en Libye et ailleurs, ces armes n’ont servi qu’à alimenter les dissensions qui piétinent l’honneur et la dignité arabes. Toutes ces armes, si elles n'ont pas pu dissuader Israël à Gaza, si elles n'ont pas pu empêcher le génocide le plus barbare et inhumain de notre époque, alors elles n’apportent rien à l’honneur arabe. En revanche, les braves de Gaza, sans dépendre de personne, sans attendre de secours, mènent une guerre avec leurs propres moyens qui fait trembler Israël, et par extension, les États-Unis qui lui fournissent ces armes extraordinaires. La force n’est pas dans l’arme, mais dans la main qui la tient. Ceux qui tiennent cette main sans compter sur autre que Dieu sauvent aujourd’hui non seulement l’honneur arabe, mais aussi la dignité de toute l’humanité.


L’INADÉQUATION ENTRE LE POUVOIR AFFICHÉ PAR LES DIRIGEANTS ARABES ET LEUR IMPUISSANCE


L’écart entre le pouvoir affiché avec grande ostentation par les dirigeants arabes et leur passivité face aux attaques visant leur existence et leur honneur soulève inévitablement la question de l’honneur. Il est particulièrement étrange et triste que les Arabes ne perçoivent pas les massacres, les humiliations perpétrés contre eux en Syrie, à Gaza, au Yémen, en Irak et bien sûr en Palestine, par Israël, les États-Unis ou à travers leurs propres guerres civiles, comme une atteinte à l’honneur arabe. L’honneur attribuable aux Arabes est en réalité un tout. Lorsqu’un Arabe subit une violation de ses droits, ceux qui ont le sens de l’honneur devraient immédiatement réagir. Le génocide et la déportation perpétrés par Assad contre son propre peuple arabe depuis 60 ans ont non seulement transformé les Arabes en réfugiés, demandeurs d’asile et misérables à travers le monde, mais ont aussi gravement porté atteinte à l’honneur arabe. Mais malheureusement, les dirigeants des pays arabes n’ont jamais été blessés par cela. Pire encore, la plupart des pays arabes n’ont même pas ouvert leurs portes aux Arabes fuyant la Syrie pour sauver leur vie.


Pourtant, les massacres génocidaires et inhumains d’Israël à Gaza portent atteinte à l’honneur de l’humanité, à sa dignité, la blessent et provoquent une révolte morale. Les gens ressentent cela comme si cela leur était fait à eux-mêmes et se révoltent.


Et alors que l’on dit que chaque Gazaoui tué enterre aussi l’honneur des dirigeants arabes, le Gazaoui, lui, ne meurt pas sous ces bombes, son honneur ne disparaît pas, bien au contraire, le peuple de Gaza offre au monde entier un exemple parfait de la survie dans l’honneur. À mesure que les Gazaouis meurent, ils renaissent ; les autres, eux, meurent en vivant.

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