Violences, injures, propos racistes, agressions gratuites, la BRAV-M (Brigade de répression de l’action violente motorisée) est au cœur d’une vive polémique après des dérives et comportements inadaptés, révélés par plusieurs témoins, enregistrements audios et vidéos à l’appui.
Sous l’égide de la préfecture de police de Paris, cette unité controversée est chargée de participer aux missions de maintien de l’ordre dans les manifestations parisiennes, mais depuis le 25 mars, elle est visée par une pétition, soumise à la plate-forme citoyenne de l’Assemblée nationale pour réclamer sa dissolution.
L’initiative, soutenue par de nombreux députés LFI (La France Insoumise), a dépassé, lundi soir, les 100 000 signatures. Dans un entretien à Anadolu, le député insoumis Thomas Portes, qui réclame lui aussi la fin de la BRAV-M est revenu sur les raisons qui le poussent à appuyer cette pétition.
Une dissolution nécessaire et urgente
Mais en dépit des accusations et des preuves accablantes qui inondent les réseaux sociaux, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez est loin d’envisager l’hypothèse d’une dissolution.
L’ombre de Malik Oussekine
Créée en 1969 sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin, cette milice policière a été dissoute dans un contexte explosif après la mort du jeune Malik Oussekine en marge d’une manifestation à Paris, en décembre 1986.
Malik Oussekine avait 22 ans lorsqu’il a croisé la route de voltigeurs de la police française cette nuit du 5 au 6 décembre 1986, alors qu’il rentrait d’un club de jazz au moment où les voltigeurs étaient déployés pour réprimer les derniers manifestants engagés contre la loi Devaquet.
Sans aucune raison, ils le prennent pour cible, à coups de pieds et de matraques, et le laissent pour mort dans le hall d’un immeuble alors même qu’il tentait désespérément de leur expliquer qu’il n’a rien fait.
Malgré l’intervention des secours, Malik Oussekine sera déclaré mort, dans la même nuit, à son arrivée à l’hôpital Cochin, mais le rapport d’autopsie souligne qu’il était en réalité décédé avant même sa prise en charge.
C’est à l’aune de cet événement douloureux que militants et politiques de gauche alertent sur les dérives de la BRAV-M craignant que cette unité, réactivée en 2019, sous l’impulsion du préfet de police de l’époque, Didier Lallement pour réprimer les manifestations de "Gilets jaunes", soit à nouveau responsable d’un mort.
La doctrine de maintien de l’ordre mise en cause dans sa globalité
Si la BRAV-M se retrouve aujourd’hui au centre de toutes les attentions, c’est bien l’institution policière dans sa globalité qui est en réalité pointée de manière récurrente ces dernières années, avec notamment un chiffre inquiétant de 13 personnes tuées dans des refus d’obtempérer en 2022.
Ce lundi en conférence de presse depuis la Place Beauvau pour dévoiler le dispositif policier qui doit encadrer les manifestations prévues ce mardi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fait savoir que l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) était saisie de 17 dossiers de potentielles violences policières ou manquements de la part de fonctionnaires de police depuis le début des manifestations.
Une réponse qui apparaît largement sous-calibrée au regard du nombre de vidéos et de témoignages recueillis et diffusés dans la presse ou sur les réseaux sociaux.
La pétition publiée sur la plate-forme de l’Assemblée Nationale pour réclamer la dissolution de la BRAV-M va désormais pouvoir être confiée à une commission parlementaire et pourra même être débattue dans l’hémicycle dans l’hypothèse où elle venait à atteindre les 500 000 signatures.