Vietnam: les millions de scooters à essence d'Hanoï en sursis

15:2921/07/2025, Pazartesi
AFP
Une femme circulant à moto devant un mur peint du drapeau national vietnamien à Hanoï.
Crédit Photo : Nhac NGUYEN / AFP
Une femme circulant à moto devant un mur peint du drapeau national vietnamien à Hanoï.

Pour lutter contre la pollution atmosphérique, le Vietnam prévoit d’interdire les scooters à essence dans le centre d’Hanoï à partir du 1er juillet 2026, selon une directive gouvernementale publiée à la mi-juillet.

Une décision qui bouleverse les habitudes des habitants, pour qui le deux-roues est un mode de transport incontournable.


Les motos et scooters, omniprésents dans les rues de la capitale, sont privilégiés pour leur faible coût et leur maniabilité dans une ville souvent congestionnée. Pourtant, la nouvelle réglementation prévoit une zone d'interdiction couvrant plus de 30 km², englobant le cœur historique de la ville, autour des lacs de l’Ouest et Hoan Kiem, où résident environ 600.000 personnes. Cette zone sera progressivement étendue dans les années suivantes, avec un bannissement des voitures thermiques dès 2028.

Un fardeau économique pour les foyers modestes


Pour de nombreuses familles, la transition vers l’électrique représente une charge financière importante.
"La famille de Dang Thuy Hanh a besoin d’au moins 80 millions de dongs (2.600 euros) pour acheter des scooters électriques, un montant énorme"
, déplore cette femme au foyer de 52 ans. Résidant dans une ruelle sans possibilité de recharge et face à un réseau de transports en commun encore limité, elle s’interroge:
"Pourquoi nous infliger ce fardeau sans aucune préparation ?"

Les autorités ont promis un soutien financier, avec une aide d’environ 100 euros par véhicule pour encourager la conversion à l’électrique. Mais pour de nombreux habitants, comme Tran Van Tan, livreur pour l’application Grab, la mesure reste difficile à appliquer:


La durée de vie des batteries ne va pas répondre aux besoins pour des trajets de longue distance. Le coût est tout simplement trop élevé.

Une urgence sanitaire et environnementale


Selon le ministère de l’Agriculture, plus de la moitié de la pollution de l’air à Hanoï provient des quelque sept millions de deux-roues et un million de voitures, majoritairement thermiques. Le maire adjoint Duong Duc Tuan a souligné que
"la pollution menace directement l’environnement, la qualité de vie et la santé des habitants"
, ajoutant que
"des mesures drastiques"
étaient nécessaires.

L’Organisation mondiale de la santé estime que la pollution atmosphérique cause la mort de près de 70.000 Vietnamiens chaque année. Un rapport de la Banque mondiale de 2022 identifie les émissions industrielles, agricoles et le brûlage de déchets comme autres sources majeures de particules fines PM2.5 dans la capitale.

Des doutes persistants sur la faisabilité


Hanoï ne compte aujourd’hui que deux lignes de métro, desservant principalement sa périphérie. Malgré les ambitions écologiques du pays – qui vise la neutralité carbone d’ici 2050 avec le soutien de son constructeur national VinFast – de nombreux habitants restent sceptiques.
"Les autorités ne vont pas être capables d’arrêter les nombreuses motos à essence"
, prédit Nguyen My Hoa, une employée de bureau.

D’autres villes comme Ho Chi Minh-Ville envisagent des mesures similaires, mais l’expérience d’Hanoï servira sans doute de test grandeur nature sur la faisabilité d’une transition écologique à grande échelle dans un pays encore très dépendant des deux-roues à essence.


À lire également:





#Vietnam
#route
#transport
#pollution
#industrie
#automobile
#gouvernement
#Hanoï
#scooters à essence
#deux-roues
#transition énergétique
#scooters électriques
#neutralité carbone
#transport urbain
#interdiction scooters essence
#OMS
#Banque mondiale
#VinFast
#pollution de l'air
#transport électrique
#plan climat Vietnam
#centre-ville Hanoï