La France exige le respect des minorités en Syrie, mais qu’en est-il chez elle?

La rédaction
22:153/01/2025, vendredi
MAJ: 3/01/2025, vendredi
Yeni Şafak
Le ministre français Jean-Noël Barrot et son homologue allemande Annalena Baerbock rencontrent le nouveau dirigeant syrien, Ahmed al-Chareh, à Damas le 3 janvier 2025.
Crédit Photo : SANA / AFP
Le ministre français Jean-Noël Barrot et son homologue allemande Annalena Baerbock rencontrent le nouveau dirigeant syrien, Ahmed al-Chareh, à Damas le 3 janvier 2025.

Alors que la France s’engage à promouvoir le respect des minorités en Syrie dans le cadre d’une transition politique "exigeante", une question se pose: applique-t-elle elle-même ces principes sur son territoire? Entre fermetures de mosquées, expulsions d’imams, suppression des contrats d’État avec des écoles musulmanes et montée des discours de stigmatisation, la politique française envers les minorités, notamment musulmanes, semble en décalage avec les valeurs qu’elle défend à l’international.

Lors de la récente visite en Syrie, la diplomatie française a insisté sur le respect des minorités comme condition sine qua non pour une reconnaissance des nouvelles autorités syriennes. Paris demande notamment des garanties pour les communautés chrétiennes, alaouites et autres minorités, une inclusion dans les institutions et une lutte contre l’extrémisme.
Ces exigences, louables sur le papier, contrastent pourtant avec certaines réalités nationales.

En France, de nombreuses mosquées ont été fermées ces dernières années sous couvert de lutte contre
"le séparatisme"
notamment avec une pratique
"rigoriste de l'Islam".
Des décrets administratifs invoquant la
"sécurité publique"
ou des
"valeurs républicaines"
justifient ces décisions, souvent critiquées comme manquant de transparence. Dans le même esprit, des imams ont été expulsés sans recours judiciaire clair, parfois pour des déclarations considérées comme trop conservatrices, mais non illégales.

Les écoles musulmanes sous pression


Les établissements musulmans, autrefois soutenus par des contrats d’État, subissent également des restrictions. La fermeture ou la non-reconduction de contrats a privé certaines écoles de financements, les obligeant à réduire leur activité ou à fermer. Ces décisions sont souvent prises au nom de la conformité aux
"valeurs républicaines"
, sans dialogue suffisant avec les communautés concernées.

Une stigmatisation normalisée dans l’espace public


Parallèlement, le climat public s’alourdit pour les musulmans de France. Les médias diffusent fréquemment des récits qui amalgament islam et menace sécuritaire. Dans le même temps, des personnalités politiques de premier plan participent à un discours anxiogène, évoquant un
"danger islamiste"
ou un
"grand remplacement"
. Ces narratifs alimentent un sentiment d’exclusion chez une partie des citoyens.

Un double discours qui interroge


Peut-on demander à d’autres pays ce que l’on ne respecte pas chez soi ? En exigeant de la Syrie le respect des minorités, la France met en lumière ses propres lacunes.
Les politiques récentes à l’égard des musulmans interrogent sur la capacité de l’État à garantir les mêmes droits à tous ses citoyens, indépendamment de leur religion ou origine.

La position française en Syrie, bien que moralement défendable, soulève des questions sur la cohérence des principes appliqués en interne.
Avant de prôner le respect des minorités à l’étranger, la France pourrait s’interroger sur son propre bilan.
Une introspection nécessaire pour rester crédible sur la scène internationale tout en renforçant l’inclusivité chez elle.

A lire également:




#France
#Syrie
#Islam
#Musulmans
#islamophobie
#imams
#écoles musulmanes