La Grande Mosquée de Paris a cofinancé le sondage islamophobe de l'Ifop

La rédaction
10:394/12/2025, Perşembe
Yeni Şafak
La Grande Mosquée de Paris a été utilisée par l'institut Ifop pour cofinancer un sondage islamophobe.
Crédit Photo : AA / AA
La Grande Mosquée de Paris a été utilisée par l'institut Ifop pour cofinancer un sondage islamophobe.

Un scandale risque de secouer la communauté musulmane française: la Grande Mosquée de Paris a involontairement financé un sondage Ifop controversé aux résultats instrumentalisés par l'extrême droite. Pensant dénoncer l'islamophobie, l'institution religieuse s'est fait piéger par une méthodologie biaisée dont seuls les chiffres sensationnalistes sur "l'islamisme" ont été médiatisés. Cette affaire révèle une pratique récurrente: utiliser les musulmans et leurs ressources pour financer des actions hostiles à leurs propres intérêts. L'Ifop s'est servi des musulmans pour propager des préjugés anti-musulmans.

La Grande Mosquée de Paris piégée par un sondage islamophobe qu'elle a elle-même financé


La
Grande Mosquée de Paris
, institution historique censée représenter et défendre les intérêts des musulmans français, s'est retrouvée malgré elle au cœur d'un scandale: le cofinancement d'un
sondage Ifop
dont les résultats sont aujourd'hui instrumentalisés pour alimenter les
discours islamophobes
. Cette affaire, révélée par le Canard enchaîné, soulève des questions légitimes sur la manipulation des institutions musulmanes et l'utilisation cynique de leurs propres ressources contre elles.

Un sondage aux questions piégées


En novembre 2025, l'i
nstitut Ifop
a publié les résultats d'une enquête portant sur 1005 musulmans en France. Commanditée par une structure proche des renseignements émiratis, la
Grande Mosquée de Paris
s'est retrouvée impliquée via l'
omnibus
, une pratique qui serait courante à l'Ifop. L'omnibus consiste a faire cofinancer une étude par des tiers qui peuvent insérer des questions sans toutefois se voir révéler l'identité du commanditaire réel de l'étude.

Aussi, les questions choisies par la
Grande Mosquée de Paris
traitaient de la discrimination et du racisme envers les musulmans. Cette étude devait donc initialement mettre en lumière la discrimination subie par les musulmans dans l'Hexagone. Un objectif noble:
documenter l'islamophobie croissante et sensibiliser l'opinion publique à cette réalité.

Mais le résultat final s'est avéré catastrophique. Les médias et les responsables politiques se sont emparés quasi-exclusivement des chiffres les plus sensationnalistes de l'enquête, notamment ceux concernant la prétendue adhésion à
"l'islamisme",
un concept fourre-tout que nous refusons de cautionner sans guillemets tant il est utilisé de manière abusive et stigmatisante.

Les questions sur la charia, sorties de leur contexte religieux et théologique, ont été présentées comme la preuve d'un séparatisme musulman. Les 59% de jeunes musulmans qui auraient répondu favorablement à des questions sur l'application de principes religieux ont été immédiatement brandis comme un danger pour la République, sans aucune nuance ni contextualisation.


L'islamophobie documentée... puis ignorée


Le comble du cynisme ?
L'étude contenait bel et bien des données alarmantes sur
l'islamophobie en France
. Selon les résultats, 82% des musulmans français estiment que la haine envers les musulmans est aujourd'hui un phénomène répandu dans le pays. Un tiers des répondants déclarait avoir déjà été discriminé en raison de sa religion.

Ces chiffres, qui constituaient pourtant l'objectif initial de la
Grande Mosquée de Paris
en commanditant l'étude, ont été totalement éclipsés dans le traitement médiatique. Pas de une dans les journaux, pas de débats télévisés sur cette discrimination massive. Le silence assourdissant des médias sur cet aspect de l'enquête contraste violemment avec le battage orchestré autour des questions sur
"l'islamisme".

La
Grande Mosquée de Paris
a été dupée. Pensant bien faire en documentant scientifiquement l'islamophobie pour mieux la combattre, l'institution s'est retrouvée à financer un outil de propagande retourné contre la communauté qu'elle représente.

Une pratique récurrente d'instrumentalisation


Cette affaire n'est malheureusement pas un cas isolé.
Ce n'est pas la première fois que les opposants de l'islam se servent des musulmans à leur insu pour financer des projets hostiles à leurs propres intérêts
. Cette stratégie perverse consiste à approcher des institutions musulmanes, à leur proposer des partenariats sous couvert d'objectivité scientifique ou de dialogue interreligieux, puis à instrumentaliser les résultats obtenus.

Les exemples se multiplient: des militants associatifs piégés dans les médias, des associations musulmanes sollicitées pour participer à des "études sur l'intégration" dont les conclusions sont ensuite utilisées pour justifier des politiques discriminatoires ; des mosquées invitées à des "dialogues" qui servent en réalité à collecter des informations déformées ; des fonds communautaires détournés pour financer des recherches biaisées.


Le mécanisme est toujours le même:
exploiter la bonne foi et le désir de dialogue des institutions musulmanes, utiliser leur crédibilité et leurs ressources financières, puis retourner les outils ainsi créés contre la communauté elle-même
. Une forme particulièrement perverse de manipulation qui ajoute l'insulte à l'injure.

Le cynisme de l'Ifop pointé du doigt


L'institut Ifop, dirigé pour cette étude par
François Kraus
, porte une responsabilité écrasante dans cette affaire. Non content de concevoir un questionnaire aux questions orientées et potentiellement piégées, l'institut a utilisé une pratique dite "omnibus", une pratique qui consiste à mutualiser les coûts d'un sondage.

En acceptant de mener cette enquête avec la
Grande Mosquée de Paris
, en se faisant payer par des musulmans pour interroger des musulmans, l'Ifop a ensuite produit et diffusé des résultats qui alimentent directement les préjugés et la haine anti-musulmane.

L'institut s'est donc enrichi grâce à la communauté musulmane tout en produisant un outil utilisé pour la stigmatiser.

Cette double instrumentalisation financière et idéologique constitue une faute déontologique majeure. Comment un institut de sondage prétendument sérieux peut-il accepter de se faire payer par une communauté pour produire ensuite des contenus utilisés contre elle ?


Interrogé sur la méthodologie de l'enquête par le Canard Enchaîné, François Kraus a tenté de justifier l'approche omnibus comme une
"pratique courante"
. Mais cette normalisation ne change rien au problème de fond:
la Grande Mosquée de Paris a financé sa propre stigmatisation
, et l'Ifop a servi d'intermédiaire complice dans cette opération.

Les médias, amplificateurs sélectifs


Autre point important dans cette affaire, mais que nous avons déjà traité: le traitement médiatique de ce sondage illustre parfaitement le deux poids deux mesures appliqué aux questions touchant l'islam en France. Quand 82% des musulmans témoignent de l'islamophobie, c'est le silence radio. Quand des chiffres peuvent être interprétés comme menaçants, c'est le déferlement.


Derrière leur inquiétude de façade dans les rédactions face aux
"résultats"
de
"l'étude"
, de nombreux journalistes ont donc bel et bien conscience de l'instrumentalisation en cours.

Cette affaire devrait servir d'avertissement à toutes les institutions musulmanes de France. La vigilance est de mise face aux sollicitations qui se parent de bonnes intentions mais peuvent cacher des agendas hostiles.


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