Crédit Photo : Leonardo Munoz / AFP
Le ministre des Affaires étrangères de l'Algérie, Ahmed Attaf, s'exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur le thème "Leadership pour la paix" au siège des Nations Unies à New York, le 25 septembre 2024.
L’Algérie a réagi, ce jeudi, à la décision du ministère français de l'Intérieur d'empêcher les agents accrédités de son ambassade à Paris d'accéder aux zones réservées des aéroports français pour prendre en charge les valises diplomatiques.
Dans un communiqué rendu public, le ministère algérien des Affaires étrangères a annoncé l'application de la réciprocité et la saisine des Nations unies.
"Le Ministère des Affaires étrangères a pris connaissance, avec étonnement, de la mesure prise pour entraver l’accès des agents accrédités de l’Ambassade d'Algérie en France aux zones réservées des aéroports parisiens aux fins de prise en charge des valises diplomatiques"
, a précisé la même source.
Suite à cette mesure, a fait savoir le communiqué,
"le Chargé d'affaires de l'Ambassade de France en Algérie a été reçu ce jour au siège du ministère des Affaires étrangères, afin de lui demander des clarifications à ce sujet. De même, le Chargé d'affaires de l'Ambassade d'Algérie en France a pris attache avec les services compétents du ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères"
.
Selon la diplomatie algérienne, les démarches entreprises, tant à Alger qu'à Paris,
"ont permis d'établir que ladite mesure a été prise par le Ministère français de l'Intérieur, à l'insu du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, dans l'opacité totale et sans la moindre notification officielle comme le veulent les règles élémentaires de la pratique diplomatique"
.
Pour l’Algérie,
"cette mesure constitue une atteinte grave au bon fonctionnement de la mission diplomatique algérienne en France, ainsi qu'une violation manifeste des dispositions de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, en particulier son article 27, alinéa 7"
.
"Cette disposition consacre explicitement le droit reconnu à toute mission diplomatique d'envoyer un de ses membres accrédités pour prendre livraison, directement et librement, de la valise diplomatique auprès du commandant de l'aéronef"
, a rappelé la même source.
Et d'ajouter :
"Face à cette situation, l'Algérie a décidé d'appliquer, avec rigueur et sans délai, le principe de la réciprocité. Elle se réserve, également, le droit de recourir à toutes les voies légales appropriées, y compris la saisine des Nations Unies, afin de faire valoir ses droits et d'assurer la protection de sa mission diplomatique en France"
.
Ces derniers jours, le département du ministre français de l'intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé
, contre des dignitaires algériens, allant dans le sens d'alourdir leur déplacement en France.
Cet épisode qui intervient, près d'une année après le début de la crise diplomatique entre Alger et Paris en août 2024, risque d'envenimer encore les rapports entre les deux pays.
Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. Les relations entre les deux pays se sont davantage dégradées à l’été 2024, sur fond de reconnaissance, par Paris, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
En réaction, Alger a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment et depuis plusieurs mois, les deux pays s’opposent quant à la politique migratoire voulue par la France qui tente de procéder à l’expulsion de ressortissants algériens en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, se heurtant à un blocage de la part d’Alger.
Côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune a pointé
"des déclarations hostiles tous les jours de politiques français"
, qualifiant le dialogue avec le président Macron de
et mettant en garde contre
"une séparation qui deviendrait irréparable"
.
"Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) mais, plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu",
a-t-il déploré.
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