Crédit Photo : @SabrinaSebaihi / X
La députée française Sabrina Sebaihi.
Sabrina Sebaihi, députée écologiste des Hauts-de-Seine et vice-présidente du groupe d'amitié France-Algérie à l'Assemblée nationale française, fait l'objet de menaces de mort et d'insultes racistes. Engagée pour la reconnaissance du massacre du 17 octobre 1961 comme un "crime d'État", elle a déposé plainte après avoir reçu un courrier menaçant évoquant des "représailles" contre elle et les élus soutenant cette démarche.
Selon l'information rapportée ce lundi par le Courrier de l'Atlas, elle a également révélé avoir reçu une photo d'un couteau ensanglanté, ainsi que des messages la qualifiant de
et de
.
"On me dit que je ne suis pas française, que je mérite la peine de mort, que certains viendront jusqu'à l'Assemblée nationale"
, dénonce-t-elle dans un entretien au magazine français.
Déterminée à ne pas
, elle admet toutefois avoir renforcé ses précautions, notamment en évitant de publier son agenda en ligne.
"Le travail de mémoire entre la France et l'Algérie est indispensable",
insiste-t-elle, défendant une relation
"constructive et respectueuse"
entre les deux pays.
Son engagement contraste avec la ligne défendue par des figures de la droite comme Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, qui prône un durcissement des relations bilatérales. Ce dernier a notamment accusé certains élus de gauche de
sur la détention de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
Sabrina Sebaihi accuse par ailleurs le ministre de la Justice Gérald Darmanin d'incarner
"les idées de l'extrême droite au sein du gouvernement"
, dénonçant une
"posture marquée par la xénophobie et un racisme décomplexé"
.
Une déclaration qui intervient alors que les tensions entre Paris et Alger se multiplient : révision des accords migratoires, question du Sahara occidental, ou encore l'influence de figures franco-algériennes sur les réseaux sociaux.
Dans les prochaines semaines, l'élue écologiste se rendra en Algérie à l'occasion de la commémoration des massacres du 8 mai 1945. Une visite qu'elle inscrit dans une dynamique portée par
"une nouvelle génération"
cherchant à dépasser les conflits mémoriels et à apaiser les relations entre les deux pays.
Pour rappel, le contentieux historique entre l'Algérie et la France est très profond. En plus de la question des archives et de la restitution des biens confisqués, l'Algérie réclame des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l'indemnisation des victimes. L'Algérie souhaite également la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle.
Mais les relations entre les deux pays se sont davantage dégradées à l'été 2024, sur fond de reconnaissance, par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l'Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et le Président Abdelmadjid Tebboune a annulé un déplacement en France, initialement prévu en septembre 2024.
Plus récemment, l'emprisonnement de Boualem Sansal et le refus d'admettre sur son sol ses ressortissants en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au
, selon les déclarations du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
Côté algérien, Abdelmadjid Tebboune a pointé
"des déclarations hostiles tous les jours de politiques français"
, qualifiant le dialogue avec le président Macron de
et mettant en garde contre
"une séparation qui deviendrait irréparable"
.
"Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...). Mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu"
, a-t-il récemment déploré.
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