Pour pénétrer dans le musée des Rois Bamouns, dans l'ouest du Cameroun, on passe sous les crochets des gueules béantes d'un gigantesque serpent à deux têtes, clou d'un imposant édifice en forme des armoiries de l'un des plus vieux royaumes d'Afrique subsaharienne, inauguré en grande pompe ce week-end.
À Foumban, capitale historique des Bamouns, la place du palais royal n'était pas assez vaste samedi pour accueillir des milliers de sujets et badauds venus de tout le pays, en plus des 2 000 invités à la tribune officielle: dignitaires autour de leur roi Mouhammad Nabil Mforifoum Mbombo Njoya, ministres, préfets, diplomates...
L'importance du droit coutumier et le sentiment d'appartenance à ces chefferies demeurent vivaces dans le quotidien des 28 millions d'habitants de ce vaste pays d'Afrique centrale, qu'ils soient restés sur leurs terres ou aient migré.
Islam et christianisme
Au point qu'ils sont aujourd'hui un échelon de l'organisation administrative et politique du pays, et la place de leurs chefs consacrée au sein des institutions nationales et régionales par la loi et la Constitution.
Le nouveau musée a été bâti en reproduisant les armoiries du royaume sur 5 000 m²: une araignée à pattes velues et deux cloches surmontant le serpent à deux têtes.
À la cérémonie, des griots aux boubous multicolores jouaient du tambour et de longues flûtes traditionnelles. Sous des coups de feu tirés à intervalles réguliers pour ponctuer l'arrivée des hôtes de marque devant des fusiliers du palais aux boubous et pantalons marron.
Puis des princes et princesses des chefferies bamounes aux robes jaunes visage couvert de masques en bois représentant des animaux ont exécuté la danse rituelle Ndjah.
Ben Oumar, un handicapé de 50 ans et coordinateur d'une association à Douala, la capitale économique située à 8 à 10 heures de route de Foumban, exprime sa joie:
C'est une fête pour le peuple Bamoun. Nous sommes venus de partout pour vivre ce moment unique.
Authentique
C'est l'un des rares royaumes à avoir réussi à exister et rester authentique, malgré la présence des missionnaires, marchands et administrateurs coloniaux.
Sans compter des attributs du pouvoir royal, des masques, des armes, des pipes, des statuettes, des instruments de musique.
Écriture bamoune
Le musée voit aussi le jour quelques mois après que le Nguon du peuple Bamoun, un ensemble de rituels donnant lieu à un festival annuel très fréquenté, a rejoint la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.