Le Pakistan annonce réformes et "douleur" après un nouveau programme du FMI

10:3726/09/2024, jeudi
AFP
Avec l'obtention de ce prêt du FMI, le Pakistan cherche à sortir de la crise, mais les défis économiques et sociaux restent énormes, notamment avec près de 40% de la population vivant sous le seuil de pauvreté.
Crédit Photo : Stefani Reynolds / AFP
Avec l'obtention de ce prêt du FMI, le Pakistan cherche à sortir de la crise, mais les défis économiques et sociaux restent énormes, notamment avec près de 40% de la population vivant sous le seuil de pauvreté.

Le Pakistan annonce jeudi "une transition dans la douleur" après avoir formellement obtenu son 24e programme d'aide du Fonds monétaire international (FMI) en près de 70 ans: sept milliards de dollars sur trois ans. Comme à chaque nouvelle annonce de versement, Islamabad a promis que ce serait "le dernier", un objectif difficilement réalisable, estiment les experts.

"Il va y avoir une transition dans la douleur mais si nous voulons que ce programme soit le dernier, alors nous devrons mener des réformes structurelles"
, a prévenu sur une télévision locale le ministre des Finances Mohammed Aurangzeb.

En juin déjà, il avait soumis au Parlement un budget d'austérité basé sur une forte hausse des impôts censée générer 40 % de recettes supplémentaires. Une solution en demi-teinte dans un pays où la majeure partie de l'économie est informelle et où seuls 5,2 millions des 240 millions de Pakistanais sont assujettis à l'impôt sur le revenu.

Pour le FMI, ces réformes et le nouveau prêt vont permettre de
"créer les conditions d'une croissance solide, inclusive et persistante"
au Pakistan, qui a échappé de peu au défaut de paiement en 2023.

Jeudi, l'optimisme régnait sur le marché pakistanais et la bourse atteignait son plus haut historique.


Entre mauvaise gestion chronique, catastrophes naturelles liées au changement climatique et dépendance aux importations, l'économie pakistanaise souffre d'une forte inflation et, surtout, d'une dette extérieure très élevée (plus de 250 milliards de dollars), dont le service engloutira encore la moitié des revenus de l'État en 2024, selon le FMI.

Avec la pandémie de Covid-19, les effets de la guerre en Ukraine et des difficultés d'approvisionnement qui ont nourri l'inflation, ainsi que des inondations record qui ont touché un tiers du pays en 2022, l'économie pakistanaise s'était retrouvée au bord du gouffre.


"Défaillances et défis considérables"


In extremis, Islamabad avait obtenu du FMI à l'été 2023 un prêt de trois milliards de dollars, à condition d'abandonner de populaires subventions pour l'énergie et de voter plus d'austérité.


Depuis, la balance des paiements courants s'est légèrement rétablie, l'inflation a baissé, de 29,2 % en 2023 à 23,4 % en 2024, selon la Banque asiatique de développement. Mais l'impopularité du gouvernement a grandi et, de plus en plus souvent, des partis d'opposition appellent à manifester contre la vie chère.

Le Pakistan
"a pris des mesures essentielles pour rétablir la stabilité économique grâce à des réformes cohérentes"
, relève le communiqué du FMI. Mais
"malgré ces progrès, les défaillances et les défis structurels du Pakistan restent considérables".

Les privatisations, notamment de la compagnie nationale d'aviation (PIA), se font toujours attendre. La presse annonce une énième fois sa possible mise aux enchères en octobre, sans que les experts disent vraiment y croire.

À New York toutefois, en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies, le Premier ministre Shehbaz Sharif a assuré que son pays avait
"rempli toutes les conditions"
posées par les bailleurs qu'il a qualifiées de
"strictes".

Il s'est ensuite dit
"reconnaissant"
envers l'Arabie saoudite, la Chine et les Émirats arabes unis, trois pays qui, depuis plusieurs années, prolongent leurs dépôts à la Banque centrale pakistanaise tout en multipliant les promesses d'investissement.

"Reconnaissant à la Chine"


En août, M. Aurangzeb avait affirmé à la presse qu'Islamabad négociait 12 milliards de dollars avec l'Arabie saoudite (5 milliards), la Chine (4 milliards) et les Émirats (3 milliards) sur trois à cinq ans.

"Dans la dernière phase (des négociations), les conditions du FMI avaient trait à la Chine et je suis très reconnaissant à la façon dont le gouvernement chinois nous a soutenus et renforcés durant cette période"
, a encore dit M. Sharif à New York.

Le premier bailleur étranger du Pakistan est la Chine et ses banques avec près de 30 milliards de dollars, puis la Banque mondiale avec plus de 20 milliards, selon le FMI.


Pour ne pas faire défaut, le Pakistan devra mobiliser 123 milliards de dollars durant les cinq prochaines années, dont 85 milliards de remboursement de dette, selon la même source.

Le chef de gouvernement n'a pas manqué de mentionner les envois d'argent des travailleurs pakistanais à l'étranger, principalement dans le Golfe où ils accomplissent souvent les travaux les plus difficiles.


Ils ont représenté 24 milliards de dollars durant l'année fiscale écoulée et sont la première manne pour les familles dans un pays où environ 40 % de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté.

Selon la Banque mondiale, 10 millions de Pakistanais supplémentaires pourraient basculer cette année sous ce seuil.


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