Madagascar: la Génération Z en rébellion, l’armée prend le pouvoir

Moussa Hissein Moussa
18:2417/10/2025, vendredi
Yeni Şafak

À Madagascar, un mouvement parti de la rue et mené par la jeunesse a fait vaciller le pouvoir. En quelques jours, la colère sociale s’est transformée en soulèvement politique. Entre mutinerie militaire, chute du président Rajoelina et intervention française, le pays vit une nouvelle page de son histoire — entre espoir et incertitude.

De la colère sociale à la révolte politique


Depuis plusieurs semaines, Madagascar est en ébullition. Tout a commencé par des coupures d’eau et d’électricité devenues insupportables dans un pays où la vie quotidienne est déjà marquée par la précarité.


À Antananarivo, la capitale, la jeunesse, souvent appelée
"Génération Z"
, s’est levée pour dire stop à la corruption, au népotisme et à la mauvaise gouvernance.

Rapidement, ce qui ressemblait à un mouvement social s’est mué en un véritable soulèvement politique. Les rues ont été envahies, les hashtags ont enflammé les réseaux, et un mot d’ordre s’est imposé:
“Rajoelina dégage”.

Face à la pression populaire, le président Andry Rajoelina a annoncé la dissolution de son gouvernement, invoquant l’article 54 de la Constitution pour nommer de nouveaux ministres.


Mais cette décision est arrivée trop tard. La colère était déjà devenue incontrôlable. Pour beaucoup, cette annonce n’était qu’une manœuvre de survie d’un pouvoir discrédité.


L’armée entre en scène: un coup d’État sous tension


Le 11 octobre, la situation a basculé. Une unité clé de l’armée, le CAPSAT (Corps d’Administration et des Services de l’Armée de Terre), s’est mutinée et a rejoint les manifestants.


Trois jours plus tard, le 14 octobre, le colonel
Michael Randrianirina
a annoncé à la radio nationale que
“l’armée prend le pouvoir pour rétablir l’ordre et préparer une transition”.

Dans la foulée, les militaires ont dissous le gouvernement et plusieurs institutions, promettant la mise en place d’un comité militaire de transition et d’un futur gouvernement civil.


Seule l’Assemblée nationale a été épargnée : elle a immédiatement voté la destitution du président Rajoelina.

Pendant que les rues d’Antananarivo vibraient de chants et de célébrations, le chef de l’État était discrètement exfiltré par un avion militaire français. Paris a justifié cette opération comme une
“évacuation pour raison de sécurité”
. Mais pour beaucoup de Malgaches, il s’agit d’une nouvelle ingérence française dans les affaires internes du pays, un épisode qui réveille le souvenir des tutelles passées.

Entre victoire populaire et incertitude politique


Aujourd’hui, Madagascar s’éveille sous le contrôle de l’armée. La jeunesse célèbre ce qu’elle considère comme une victoire: la chute d’un pouvoir qu’elle jugeait illégitime et déconnecté du peuple.


Mais la question demeure: cette révolution marquera-t-elle la fin d’un système ou l’ouverture d’un nouveau cycle du pouvoir ? Les militaires promettent une transition pacifique, tandis que la communauté internationale appelle au rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel.


Entre espoir démocratique et crainte d’un nouveau régime autoritaire, l’île rouge entre dans une zone d’ombre. Une chose est sûre : la Génération Z malgache vient de prouver qu’elle est désormais une force politique avec laquelle il faudra compter.


A lire également:




#Madagascar
#Génération Z
#coup d’État
#Andry Rajoelina
#armée malgache
#CAPSAT
#colonel Randrianirina
#transition politique
#jeunesse africaine
#crise politique
#Antananarivo
#ingérence française
#révolution
#Afrique australe