Liban: Kfarshuba dévastée par les frappes israéliennes à l'aube du mois sacré de Ramadan

12:421/03/2025, samedi
MAJ: 1/03/2025, samedi
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Les forces de l'armée israélienne patrouillent dans le village de Kfarshuba, dans le sud du Liban, le 17 février 2025. Un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, groupe militant soutenu par l'Iran, est en vigueur depuis le 27 novembre, après plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre totale. En vertu de cet accord, l'armée libanaise devait se déployer dans le sud du pays aux côtés des forces de maintien de la paix des Nations unies au fur et à mesure du retrait de l'armée israélienne sur une période de 60 jours, qui a ensuite été prolongée jusqu'au 18 février.
Crédit Photo : Rabih DAHER / AFP
Les forces de l'armée israélienne patrouillent dans le village de Kfarshuba, dans le sud du Liban, le 17 février 2025. Un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, groupe militant soutenu par l'Iran, est en vigueur depuis le 27 novembre, après plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre totale. En vertu de cet accord, l'armée libanaise devait se déployer dans le sud du pays aux côtés des forces de maintien de la paix des Nations unies au fur et à mesure du retrait de l'armée israélienne sur une période de 60 jours, qui a ensuite été prolongée jusqu'au 18 février.

La ville de Kfarshuba, située à la frontière sud du Liban avec Israël, fait face à d'immenses défis alors que le mois sacré de Ramadan débute ce samedi, sur fond de destruction massive causée par l'offensive militaire israélienne.

Tout au long de l'assaut israélien, Kfarshuba a subi d'intenses bombardements, entraînant de lourds dégâts aux infrastructures, notamment la destruction de son unique mosquée. Ces attaques, qui se sont poursuivies pendant environ un an et demi, ont laissé la ville en ruines.


Aujourd'hui, les habitants s'apprêtent à observer le mois du jeûne et de la prière dans des conditions extrêmement difficiles.


Avant le conflit, Kfarshuba comptait entre 1 250 et 1 500 habitants.
Désormais, seule une centaine d'entre eux est restée sur place.

Selon des sources locales, la ville est privée des besoins essentiels tels que l'accès à l'eau potable, à l'électricité et aux denrées alimentaires, rendant la période du Ramadan encore plus éprouvante pour la communauté.


"Il ne reste plus aucune ressource à Kfarshuba… Si nous voulons du pain, nous devons nous rendre à Rashaya pour en acheter",
témoigne Ali Hassan, 80 ans, interrogé par Anadolu.

Il précise que durant la guerre, certains habitants parvenaient encore à s'approvisionner dans les magasins, mais aujourd'hui, plus aucun commerce n'est en activité.


Concernant la destruction de la mosquée, Hassan confie :


Nous transformerons nos maisons en lieux de prière.

Ferial Abdul Aal, 47 ans, partage son inquiétude face aux défis auxquels la communauté est confrontée en ce mois de Ramadan.
"Il n'y a rien dans la ville : aucun magasin d'alimentation, pas de légumes, pourtant essentiels pour Ramadan. Tout a été détruit",
déplore-t-elle.

Elle souligne que l'approvisionnement en eau a été coupé après les attaques israéliennes qui ont endommagé le réseau, et qu'il n'y a plus d'électricité.


"Nous sommes revenus après plus d'un an de déplacement, car nous ne pouvions plus payer de loyer ailleurs",
explique-t-elle.
"La situation est tragique. Nous n'avons même pas de légumes frais pour préparer les plats traditionnels du Ramadan."

Elle précise que les habitants doivent parcourir plus de 15 kilomètres pour se procurer de la nourriture, une tâche difficile dans ces conditions précaires.


"Malgré toutes ces épreuves, nous restons résilients. Ramadan est un mois de patience, de partage et de bénédictions",
conclut-elle.

Suleima, 90 ans, revient sur les épreuves des déplacements répétés :


C'est la cinquième fois que nous sommes contraints de fuir Kfarshuba, mais cette fois-ci, c'est la plus difficile; la destruction est partout.

"Nous mangeons dans le noir, il n'y a pas d'électricité. Israël a détruit la mosquée, la mairie, les habitations et les commerces. Il ne reste plus rien",
déplore-t-elle.

Comme Suleima, de nombreux habitants sont revenus à Kfarshuba par nécessité.


"Nous sommes rentrés parce que nous ne pouvions plus payer les loyers exorbitants ailleurs. La situation est extrêmement difficile",
ajoute-t-elle.

Katherine Qumra, 26 ans, qui tient une petite épicerie, raconte son combat pour reconstruire après la destruction.


"Tous les magasins de la ville ont été détruits, y compris le mien, mais nous sommes revenus et avons rénové. Ce n'est plus comme avant la guerre, mais au moins, nous pouvons fournir du pain aux enfants",
confie-t-elle.

Un cessez-le-feu fragile est en vigueur au Liban depuis le 27 novembre, mettant fin à plusieurs mois d'affrontements transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah, qui avaient dégénéré en conflit à grande échelle en septembre.

Les autorités libanaises signalent plus de 1 000 violations israéliennes de cette trêve, ayant causé la mort d'au moins 83 personnes et fait 280 blessés.


Selon l'accord de cessez-le-feu, Israël devait se retirer totalement du sud du Liban au plus tard le 26 janvier.
Toutefois, ce délai a été prolongé jusqu'au 18 février en raison du refus d'Israël de s'y conformer. À ce jour, l'armée israélienne maintient encore une présence militaire sur cinq postes frontaliers.

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