Macron face à la guerre à Gaza: une position française en mutation sous le feu des critiques

La rédaction avec
11:2116/04/2025, mercredi
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Le président français Emmanuel Macron
Crédit Photo : SARAH MEYSSONNIER / AFP
Le président français Emmanuel Macron

La position de la France sur le conflit à Gaza a connu une transformation notable depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Initialement, Emmanuel Macron avait exprimé un soutien clair à Israël, qualifiant les actions du Hamas de “terroristes” et défendant son droit à se protéger. Lors de sa visite à Tel-Aviv en octobre 2023, il avait même proposé de former une coalition internationale contre le mouvement islamiste.


Cependant, dès novembre 2023, un changement de ton s’est opéré. Macron a exhorté Israël à stopper ses bombardements sur Gaza, déclarant à la BBC qu’
“aucune justification”
ne pouvait être donnée aux frappes contre des civils. Cette prise de position a suscité une vive réaction du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a dénoncé des
“leçons de morale inacceptables”.

En 2024, la France a poursuivi ce rééquilibrage. Macron a dénoncé les pertes civiles massives et qualifié la situation humanitaire à Gaza d’
“insoutenable”
. En juin de la même année, Paris a suspendu les livraisons d’armes à Israël,une décision rare dans les relations franco-israéliennes.

Pourtant, selon les données officielles, la France avait exporté pour 208 millions d’euros de matériel militaire vers Israël entre 2018 et 2023, dont 30 millions rien qu’en 2023. Si ces équipements sont officiellement destinés à un usage défensif, des enquêtes indépendantes ont remis en question cette affirmation.


Au printemps 2025, une nouvelle controverse a éclaté: malgré le mandat d’arrêt émis en novembre 2024 par la Cour pénale internationale contre Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, la France a autorisé plusieurs survols de son espace aérien par l’avion du dirigeant israélien.


Cette décision a été vivement critiquée par des juristes et élus de La France insoumise, qui y ont vu une entorse au Statut de Rome, texte fondateur de la CPI. Le ministère des Affaires étrangères a simplement déclaré que la France agirait
“dans le respect”
des statuts, sans s’engager sur une arrestation en cas d’arrivée de Netanyahu sur le sol français.

En avril 2025, Emmanuel Macron a franchi un nouveau cap en annonçant la possible reconnaissance de l’État palestinien en juin, dans le cadre d’une conférence internationale coprésidée par la France et l’Arabie saoudite à l’ONU. Il a précisé que cette reconnaissance s’inscrirait dans un cadre politique global en faveur d’une solution à deux États.


Cette annonce intervient alors que la Cour internationale de justice a évoqué un
“risque plausible de génocide”
à Gaza et accusé l’armée israélienne de graves violations du droit international humanitaire.

Les réactions à ce virage diplomatique sont partagées. Certains saluent une prise de position plus équilibrée, tandis que d’autres pointent des contradictions entre les discours officiels et la réalité des actes, en particulier concernant les ventes d’armes et la coopération avec la CPI.


Sur le plan intérieur, les mobilisations en faveur des Palestiniens se sont multipliées, malgré des interdictions initiales. Plusieurs personnalités ont été poursuivies pour apologie du terrorisme, relançant le débat sur la liberté d’expression et les limites du soutien à Gaza.


En somme, la diplomatie française sur Gaza reflète les tensions entre les engagements internationaux, les alliances stratégiques et la pression croissante de l’opinion publique sur Emmanuel Macron.


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