De bon matin, sur un marché à Salé, près de Rabat, les clients négocient âprement les prix de chaque denrée, gonflés par une inflation qui s'envole à l'approche du mois sacré du ramadan, quand les dépenses alimentaires explosent.
Avec les mobylettes qui pétaradent en bruit de fond, les transactions animent le souk et nombreux sont les habitués de ce marché longeant l'océan Atlantique qui partagent le sentiment de Khadija.
L'inflation au Maroc navigue autour de 8% en rythme annuel, alimentée par les répercussions de la guerre en Ukraine, notamment sur le coût des carburants et le transport de marchandises, selon le dernier rapport de la Banque mondiale.
En janvier, la hausse des prix à la consommation (IPC) s'est accélérée à 8,9% sur un an, tirée par une flambée des prix alimentaires (+16,8%).
Spéculation
Ces dernières semaines, la flambée des prix a été vivement critiquée par les partis d'opposition, les syndicats et jusque dans certains médias locaux.
La grogne s'est exprimée à travers des rassemblements, d'ampleur limitée et souvent entravés par les autorités, dans plusieurs grandes villes.
Selon son porte-parole, Mustapha Baitas, les autorités ont mené, du 1er janvier au 22 février, plus de 64.000 opérations de surveillance, recensant plus de 3.000 infractions sur les prix et la qualité des denrées alimentaires.
Parmi les autres facteurs inflationnistes: la pire sécheresse depuis 40 ans et une récente vague de froid.
Vendre à perte
Pour atténuer les effets de l'inflation sur les ménages, le gouvernement a octroyé des subventions sur certains produits de première nécessité (sucre, farine, gaz), auxquelles s'ajoutent des aides sur les carburants pour les professionnels du transport, renouvelées depuis neuf mois.
Un mécanisme pour remplacer ces subsides par des allocations ciblées est prévu mais n'a pas encore été mis en oeuvre. Le Maroc, dont le PIB dépend pour 14% de l'agriculture et de ses exportations, a également suspendu l'envoi de légumes vers l'Afrique de l'Ouest depuis deux semaines.