Nigeria: une sénatrice ayant dénoncé un harcèlement sexuel interdit d'accès au Parlement

18:0122/07/2025, Tuesday
AFP
La Sénatrice nigériane Natasha Akpoti-Uduaghan.
Crédit Photo : X /
La Sénatrice nigériane Natasha Akpoti-Uduaghan.

Une sénatrice nigériane, qui avait été suspendue après avoir accusé le président de la chambre haute de harcèlement sexuel, s'est vu refuser mardi l'accès au Parlement malgré une décision de justice ordonnant sa réintégration.

Sa suspension du Sénat pour six mois avait suscité une vive polémique dans ce pays conservateur d'Afrique de l'Ouest. Des groupes de défense des droits des femmes avaient dénoncé une mesure de représailles évidente.


Les chaînes de télévision locales ont diffusé en direct les images de la sécurité du Parlement avec des policiers armés bloquant l'accès à Natasha Akpoti-Uduaghan, qui était accompagnée d'un petit groupe de partisans.


La sénatrice a marché jusqu'aux portes du Parlement, abritant l'Assemblée nationale et le Sénat, après que les agents de sécurité ont empêché sa voiture d'entrer dans l'enceinte. Plus d'une dizaine de policiers armés étaient postés à l'extérieur des grilles verrouillées.

S'adressant aux journalistes devant les grilles, elle a exprimé sa déception d'avoir été empêchée d'
"entrer dans les chambres pour reprendre mes fonctions"
, par
"des policiers armés (...) rencontrés à l'extérieur, tous bien équipés avec des armes, se précipitant sur une sénatrice sans arme".

En février, Mme Akpoti-Uduaghan avait affirmé que Godswill Akpabio, président de la chambre haute du Parlement, avait bloqué à plusieurs reprises les motions qu'elle tentait de faire adopter, avant de lui proposer son soutien à condition qu'elle
"prenne soin de lui".

Le président du Sénat a démenti tout harcèlement sexuel.


Quelques jours après avoir formulé ces accusations lors d'une interview télévisée, elle avait été suspendue temporairement du Sénat, officiellement pour un motif sans lien apparent avec l'affaire.


Selon le Sénat, la sanction faisait suite à
"une faute grave"
lors d'un échange houleux au sein du Parlement.

Mais début juillet, un tribunal nigérian a mis fin vendredi à la suspension de six mois de la sénatrice, qualifiant la mesure d'
"excessive"
et ordonné la réintégration de Mme Akpoti-Uduaghan.

Lors de ce même jugement, la sénatrice a toutefois été reconnue coupable d'outrage au tribunal pour avoir enfreint une interdiction de s'exprimer publiquement sur l'affaire, et a été condamnée à une amende de cinq millions de nairas (environ 2.760 euros).


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