Au Pérou, le guano, trésor agricole menacé

14:2010/10/2025, vendredi
AFP
Issu des excréments des oiseaux de mer, le guano a enrichi le Pérou au XIXe siècle. Cet engrais naturel, qui est encore collecté dans des conditions difficiles, ne profite plus qu'aux petits agriculteurs.
Crédit Photo : ERNESTO BENAVIDES / AFP
Issu des excréments des oiseaux de mer, le guano a enrichi le Pérou au XIXe siècle. Cet engrais naturel, qui est encore collecté dans des conditions difficiles, ne profite plus qu'aux petits agriculteurs.

Sur l’île de Santa, au nord de Lima, une centaine d’ouvriers s’affaire dès l’aube à extraire le guano, ce précieux engrais naturel issu des fientes d’oiseaux marins. La campagne, entamée en mai, doit se poursuivre jusqu’en novembre.

Aride et battue par les vents, Santa appartient à la Reserva nacional sistema de islas, islotes y puntas guaneras, un ensemble de 22 îles et 11 pointes protégées. Armés de pelles et de piolets, les ouvriers y extraient un sol compacté de fientes, plumes et carcasses, qu’ils tamisent avant de le conditionner dans des sacs de 50 à 60 kg.


Munis de simples masques chirurgicaux, vêtus de combinaisons blanches, ces travailleurs progressent dans un nuage de poussière irritante, transportant à dos d’homme de lourdes charges sur des sentiers escarpés dominant la mer.


"Le guano des îles est un engrais organique qui n’a pas d’équivalent dans le monde"
, affirme Jorge Chumpitaz, responsable de la collecte pour Agro Rural, l’organisme public chargé de son extraction. Riche en azote, phosphore et potassium, il surpasse tous les autres engrais naturels, selon lui.

Au XIXe siècle, le Pérou a connu un âge d’or du guano, exporté vers l’Angleterre, la France et les États-Unis. À cette époque, le pays abritait près de 25 millions d’oiseaux à guano, principalement des cormorans de Bougainville, des pélicans péruviens et des fous variés. Ils ne seraient plus que 700 000 aujourd’hui.

Actuellement, 95 % de la production est réservée aux petites exploitations agricoles de moins de dix hectares. Le reste est transformé et exporté vers l’Europe et les États-Unis.


La côte aride du Pérou, où la pluie est quasi inexistante, favorise son accumulation, contrairement à d’autres régions comme le Chili. Mais le réchauffement climatique et la pêche industrielle, qui réduit les stocks d’anchois — principale source de nourriture des oiseaux —, menacent ce fragile écosystème.

"Nous devons d’urgence mettre en œuvre un plan de repeuplement des oiseaux à guano"
, alerte Jorge Chumpitaz, alors que ce trésor agricole, autrefois symbole de prospérité nationale, semble aujourd’hui en péril.

À lire également:




#Pérou
#environnement
#agriculture
#pêche
#guano
#engrais naturel
#oiseaux marins
#Agro Rural
#Jorge Chumpitaz
#Santa
#Lima
#agriculture durable
#réchauffement climatique
#pêche industrielle
#biodiversité
#exportation
#engrais organique
#écosystème.