Les partisans des technologies de capture de carbone soutiennent que la France peut absorber plus de CO2 qu'elle n'en émet d'ici 2050 si elle opte pour le captage direct du carbone dans l'air. Cependant, ces technologies sont vivement critiquées pour leur coût élevé, leur efficacité incertaine, et le risque qu'elles détournent l'attention du pays de sa priorité: la réduction des émissions.
Alors que la planète est déjà réchauffée de 1,2°C par rapport à la fin du 19e siècle, le retard pris par la France et le reste du monde pour limiter les émissions de gaz à effet de serre a ravivé l'intérêt pour le captage direct du CO2 dans l'air (DAC en anglais), principale technique industrielle d'élimination du dioxyde de carbone (EDC).
Cette technique consiste à aspirer le CO2 à l'aide de ventilateurs équipés de filtres, puis à le fixer chimiquement. Le CO2 ainsi capté doit ensuite être stocké de manière permanente, que ce soit dans des réservoirs d'hydrocarbures épuisés ou dans des aquifères salins.
Cependant, cela nécessiterait des investissements massifs et une décision politique forte, notamment parce que les forêts et les sols français absorbent naturellement moins de CO2 que prévu depuis plusieurs années.
Afin de combler cet écart, l'ajout de technologies de capture de CO2 semble inévitable. C'est pourquoi le Carbon Gap a commandé une étude auprès du centre de réflexion américain Rocky Mountain Institute et du cabinet E-Cube pour évaluer le potentiel de la France dans ce domaine.
Selon cette étude, dans un scénario "status quo", avec une meilleure gestion des écosystèmes et le stockage du CO2 issu de la biomasse, les puits de carbone naturels et technologiques pourraient éliminer près de 24 MtCO2e par an, insuffisant pour atteindre la neutralité carbone.
Dans un autre scénario, la France développerait des pratiques agricoles plus favorables au stockage de carbone et investirait massivement dans le captage direct dans l'air, atteignant environ 76 MtCO2e/an d'émissions négatives.
Une telle quantité permettrait à la France de compenser une partie de son passif en absorbant une partie du carbone accumulé au fil des décennies. Cependant, certains craignent que cela ne serve d'excuse pour réduire les efforts de réduction des émissions.