Climat: Les petits États insulaires vulnérables se mobilisent

17:5627/05/2024, lundi
AFP
Le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), se mobilise pour les Etats insulaires, menacés par la montée des eaux et le réchauffement climatique.
Crédit Photo : PNUD / PNUD
Le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), se mobilise pour les Etats insulaires, menacés par la montée des eaux et le réchauffement climatique.

Submergés par les dettes et menacés d’être balayés par les impacts dévastateurs du réchauffement de la planète, les petits États insulaires vulnérables se réunissent cette semaine pour tenter de se préparer aux crises climatiques et économiques de la prochaine décennie.

"Les dix prochaines années sont critiques pour les petits États insulaires en développement",
insiste le projet de document qui devrait être adopté à l'issue de la Conférence de ces 39 pays qui commence lundi à Antigua-et-Barbuda, en présence d'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernements.

Les enjeux des petits États insulaires face aux crises climatiques et économiques


Dans les Caraïbes, au milieu du Pacifique ou dans l'océan Indien, ces États qui comptent seulement 65 millions d'habitants font face de longue date à des défis spécifiques qui les rendent particulièrement sensibles aux chocs extérieurs: petit territoire, population éparpillée, isolement géographique et économies peu diversifiées et dépendantes des importations.


Des difficultés auxquelles s'ajoute une vulnérabilité exceptionnelle aux impacts grandissants du réchauffement climatique dont ils ne sont pas responsables: sécheresses, inondations, ouragans et montée du niveau de la mer, qui risque littéralement d'effacer certains d'entre eux de la carte.


"Un ouragan, un typhon, qui par simple malchance traverse le territoire d'un petit État insulaire en développement peut anéantir un tiers ou plus des infrastructures"
, souligne Achim Steiner, patron du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Alors, ils appellent à l'aide, déplorant que le monde ne soit pas à la hauteur de ses promesses de
"ne laisser personne sur le bord de la route"
, slogan des Objectifs de développement pour 2030.

Le monde
"ne peut pas laisser les petits États insulaires en développement se noyer dans des crises qu'ils n'ont pas créées, cela aurait des conséquences catastrophiques pour le monde entier"
, prévient Fatumanava-o-Upolu III Dr Pa’olelei Luteru, ambassadeur des Samoas à l'ONU et président en exercice d'Aosis, Alliance qui représente ces États vulnérables dans les négociations climat.

Un coût élevé


Première de leurs revendications, une accélération de l'action climatique mondiale pour freiner le réchauffement dont ils sont les premières victimes, et une augmentation de la finance climat.


Selon le PNUD, la mise en place des mesures d'adaptation aux impacts du réchauffement dans ces 39 pays nécessiterait entre 4,7 et 7,3 milliards de dollars par an.

Mais la plupart d'entre eux sont classés au moins comme pays à revenus intermédiaires et sont ainsi exclus de l'aide internationale et des financements à taux préférentiels des banques de développement.


"Ils sont piégés dans un no man's land où ils n'ont pas accès au filet de sécurité que représentent les financements de la communauté internationale",
regrette Achim Steiner, qui plaide comme eux pour une réforme du système financier international.

D'autant que la plupart d'entre eux subissent aussi le poids d'une dette importante. L'ONU estime qu'ils vont dépenser en 2024 15,9 % de leurs revenus juste pour rembourser les intérêts de cette dette.

S'ils estiment qu'ils ne s'en sortiront pas sans aide extérieure, ces petits États insulaires devraient aussi s'engager eux-mêmes à renforcer et diversifier leurs économies pour devenir plus "résilients".


Economie bleue et justice climatique


Parmi leurs axes prioritaires, le développement des énergies renouvelables et l'encouragement de
l'"économie bleue"
(notamment pêche durable) dans des archipels aux territoires terrestres très petits mais qui comptent 19 % des Zones économiques exclusives (espace maritime sur lequel un État exerce sa souveraineté) de la planète.

Sans oublier la promotion d'un
tourisme plus responsable,
pour préserver une biodiversité exceptionnelle, notamment des coraux menacés qui attirent chaque année les amateurs de plongée du monde entier.

Mais à l'heure où certains défenseurs du climat plaident pour réduire les déplacements en avion, il ne faudrait pas leur imposer
"une double punition"
en n'y allant plus en vacances, estime Achim Steiner.

Quant à la société civile, elle insiste pour que les revendications de
justice climatique
s'appliquent aussi localement.

Au sein de ces pays,
"il y a des groupes vulnérables et marginalisés (...), en raison de leur genre, de leur race. Et les impacts climatiques sont une autre couche d'injustice pour eux"
, souligne Nicole Leotaud, de l'Institut pour les ressources naturelles dans les Caraïbes (Canari).

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