Et si la plus belle diplomatie d’Afrique se jouait dans un éclat de rire ? Dans un continent souvent marqué par les tensions, il existe une sagesse ancienne qui transforme la moquerie en remède social : la parenté à plaisanterie.
Cette coutume millénaire repose sur un principe simple mais profond : entre certaines familles, clans ou communautés, tout est permis… sauf la haine. Les moqueries remplacent les querelles, les rires désarment les rancunes, et les mots deviennent des ponts.
Née d’alliances anciennes scellées entre peuples voisins, la parenté à plaisanterie est bien plus qu’une tradition folklorique : c’est un pacte de paix transmis à travers les générations. Les Dogon et les Bozo au Mali, les Moose et les Samo au Burkina Faso, ou encore les Peuls et les Sénoufos s’y adonnent avec fierté, entre rires et complicité.
Lorsqu’un différend éclate, le “cousin à plaisanterie” intervient. Il use de l’humour pour désamorcer la colère, tourner la tension en dérision et rappeler les liens du sang ou de l’histoire. Par la parole et la légèreté, il rétablit ce que la violence aurait brisé.
Cette forme de médiation populaire incarne une véritable diplomatie du rire, un art africain du vivre-ensemble fondé sur la tolérance, la fraternité et la mémoire. Elle rappelle que la paix ne se signe pas toujours dans les palais, mais souvent dans les cœurs.
Aujourd’hui encore, dans les villages sahéliens comme dans les grandes villes d’Afrique de l’Ouest, cette tradition continue d’unir les peuples, de rapprocher les générations et d’enseigner la puissance du respect mutuel.
Parce qu’en Afrique, rire ensemble, c’est refuser la division.
Et peut-être que là se cache la plus belle des leçons : quand on rit, on ne se bat pas.
