Crédit Photo : @trpresidency / X
Le Président turc Recep Tayyip Erdogan a rencontré la Présidente du Conseil des Ministres de l'Italie, Giorgia Meloni, en marge du Sommet de l'OTAN à Vilnius, le 11 juillet 2023.
Dans un contexte d'incertitude mondiale marqué par de nombreux défis et une forte imprévisibilité, l'Italie et la Türkiye démontrent leur capacité à saisir les opportunités en maximisant leur potentiel de coopération, réduisant ainsi les facteurs de risque. À cet égard, l'axe Rome-Ankara ne cesse de se renforcer, porté par un pragmatisme mutuel et une vision stratégique commune.
Sur le plan bilatéral, l'Italie et la Türkiye sont entrées dans une nouvelle phase où les échanges économiques dynamiques et la complémentarité des secteurs d'activité jouent un rôle clé.
Récemment, le volume des échanges commerciaux a atteint 32 milliards de dollars, dépassant l'objectif initial de 30 milliards.
Au cours des trois dernières années, les relations commerciales bilatérales ont progressé d'un tiers, tandis que les collaborations industrielles se sont intensifiées, donnant lieu à des partenariats stratégiques majeurs.
L'acquisition récente de Piaggio Aerospace par Baykar, leader turc dans la production de drones, illustre parfaitement la manière dont les projets industriels peuvent renforcer la valeur stratégique des relations bilatérales en les portant à un niveau supérieur.
Dans cette perspective, le dialogue continu entre Baykar et le groupe italien de défense Leonardo, ainsi que l'intérêt renouvelé pour l'intégration des systèmes de défense italiens et turcs, soulignent l'importance de ce partenariat. Par ailleurs, les récents échanges diplomatiques en Türkiye viennent renforcer ces liens, témoignant d'un engagement mutuel à consolider la coopération dans divers secteurs.
L'Italie et la Türkiye doivent être considérées comme des partenaires naturels dans la construction de synergies bilatérales, mais surtout comme des bâtisseurs de ponts à l'échelle régionale et internationale. Toutes deux appartiennent pleinement au bassin euro-méditerranéen, où elles partagent des défis communs. Leur compréhension mutuelle et leurs liens historiques favorisent des interactions privilégiées, les plaçant en position de gérer ensemble crises et opportunités.
Dans ce cadre, leur appartenance à des organisations internationales communes constitue un atout majeur : en tant que membres de l'OTAN, l'Italie et la Türkiye sont pleinement conscientes des menaces globales et de la nécessité d'y répondre efficacement sur la base de valeurs et d'une vision partagées.
L'ancrage au cadre européen joue également un rôle fondamental. Sur le plan économique, les deux nations sont parfaitement intégrées, la Türkiye occupant la cinquième place parmi les partenaires commerciaux de l'Union européenne avec des exportations de biens s'élevant à 111 milliards d'euros.
L'Union douanière UE-Türkiye a permis une augmentation significative du commerce bilatéral, atteignant un niveau record de près de 206 milliards d'euros.
Par ailleurs, l'UE demeure le principal partenaire commercial de la Türkiye, représentant la plus grande part des importations et exportations du pays :
en 2024, les exportations turques vers l'UE ont progressé de 4,2 % pour atteindre 108,7 milliards de dollars.
Un renforcement du partenariat industriel avec l'Italie permettrait ainsi d'accélérer davantage l'intégration économique turque en Europe. Mais pas seulement. Grâce aux récentes avancées de Baykar, l'industrie turque, y compris dans le secteur de la défense, pourrait s'implanter encore plus profondément sur le marché européen, constituant ainsi un atout stratégique pour les États membres de l'UE et l'ensemble du bloc.
Au-delà de la coopération bilatérale, le partenariat italo-turc contribue à une intégration régionale plus large.
Dans ce contexte, l'Afrique représente un terrain de coopération aux marges d'exploitation vastes et stratégiques, notamment dans le cadre de joint-ventures.
Le continent africain revêt une importance cruciale pour l'Italie, qui, dans le cadre du "Plan Mattei pour l'Afrique", investit massivement dans des projets de développement durable, avec pour objectif ultime de maîtriser les flux migratoires. Sur ce point, une convergence de vues existe avec la Türkiye, qui, forte d'une présence historique significative en Afrique, s'impose aujourd'hui comme un acteur clé et un stabilisateur majeur du continent.
De même, en mer Noire et au Moyen-Orient, les efforts de médiation de la Türkiye rejoignent les priorités italiennes en matière de stabilité régionale. Son rôle central dans les négociations de cessez-le-feu à Gaza, son engagement diplomatique dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine, ainsi que son implication dans la transition politique et la reconstruction de la Syrie, illustrent des axes où les intérêts italiens et turcs convergent.
Cette vision commune s'appuie également sur une diplomatie de haut niveau entre la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Tandis que la cheffe du gouvernement italien consolide progressivement sa position au sein de l'UE et aux yeux de l'administration Trump, le président Erdogan demeure un interlocuteur incontournable du "Sud global". Ainsi, l'intégration régionale et mondiale devient la ligne stratégique qui relie les deux pays.
La projection italo-turque repose donc sur un renforcement de la coopération bilatérale à travers des accords étroits, visant une protection efficace des intérêts nationaux et communs. L'axe Rome-Ankara s'appuie sur l'intégration des systèmes régionaux, un processus qui passe inévitablement par la consolidation des synergies existantes.
* Les opinions exprimées dans cet article sont propres à l'auteur.
*L'auteure, Valeria Gianotta, est une experte italienne en sciences politiques et en relations internationales. Elle est la directrice scientifique de l'Observatoire sur la Türkiye du think-tank CeSPI.
#Baykar Technologies
#Giorgia Meloni.
#Italie
#Recep Tayyip Erdoğan
#Relations italo-turque
#Türkiye
#Valeria Gianotta