Agence France presse : "Sans intervention immédiate, les derniers reporters de Gaza vont mourir"

10:5622/07/2025, mardi
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Le photographe de l'AFP Mahmud Hams (au centre) se tient avec son appareil photo près des corps des victimes tuées lors des bombardements israéliens, avant leurs funérailles à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 31 octobre 2023, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le mouvement palestinien Hamas.
Crédit Photo : MOHAMMED ABED / AFP
Le photographe de l'AFP Mahmud Hams (au centre) se tient avec son appareil photo près des corps des victimes tuées lors des bombardements israéliens, avant leurs funérailles à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 31 octobre 2023, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le mouvement palestinien Hamas.

"Sans intervention immédiate, les derniers reporters de Gaza vont mourir", avertit la Société des journalistes (SDJ) de l'AFP (Agence France presse).

Par voie d'un communiqué publié ce lundi, la SDJ de l'agence française d'information explique que
"l'AFP travaille avec une pigiste texte, trois photographes et six pigistes vidéo dans la Bande de Gaza, depuis le départ de ses journalistes staff courant 2024".

"Avec quelques autres, ils sont aujourd'hui les seuls à rapporter ce qui se passe dans la Bande de Gaza", précise encore la SDJ. "Nous refusons de les voir mourir"
, affirme-t-elle.

Le communiqué relate le témoignage de Bashar, collaborateur de l'AFP depuis 2010 :


Je n'ai plus la force de travailler pour les médias. Mon corps est maigre et je ne peux plus travailler.

Selon la SDJ, Bashar
"travaille et vit dans des conditions égales à celles de tous les Gazaouis"
, souffrant de malnutrition et exposé à des risques extrêmes.

La SDJ détaille également les pertes subies par le journaliste :
"Bashar vit depuis février, dans les ruines de sa maison de Gaza City avec sa mère. Il a perdu quatre de ses frères et sœurs et la famille d'un de ses frères. Leur maison se vide de tout aménagement et confort, à part quelques coussins"
. Dimanche matin,
"il a rapporté que son frère aîné était tombé, à cause de la faim",
souligne la SDJ.

"La SDJ de l'AFP rappelle que même si ces journalistes reçoivent un salaire mensuel de l'AFP, il n'y a rien à acheter ou alors à des prix totalement exorbitants"
. Les commissions atteignent 40 % sur les transferts, et
"les reporters de l'AFP se déplacent donc à pied ou en charrette tirée par un âne",
faute de carburant.

Ahlam, une autre journaliste, témoigne dans le communiqué :


À chaque fois que je quitte la tente pour couvrir un événement, réaliser une interview ou documenter un fait, je ne sais pas si je reviendrai vivante".

"Le plus gros problème, c'est le manque de nourriture et d'eau", précise la SDJ.


La détresse grandit :
"Pour la première fois, je me sens vaincu"
, écrit Bashar dans un nouveau message, avant d'ajouter :
"Je souhaiterais que M. Macron [Président français, NDLR] puisse m'aider à sortir de cet enfer".

Ahlam reste debout :


J'essaie de continuer à exercer mon métier, à porter la voix des gens, à documenter la vérité face à toutes les tentatives pour la faire taire. Ici, résister n'est pas un choix : c'est une nécessité.

Enfin, la SDJ conclut :
"Depuis que l'AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n'a le souvenir d'avoir vu un collaborateur mourir de faim".

Depuis octobre 2023, selon la Fédération internationale des journalistes, au moins 229 journalistes palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza, dont beaucoup visés par des frappes israéliennes alors qu'ils couvraient les événements ou se trouvaient à leur domicile, ou dans des zones civiles.

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) décrit cette période comme l'une des plus meurtrières jamais enregistrées pour la profession.


L'armée israélienne mène, depuis le 7 octobre 2023, une guerre dévastatrice à Gaza, faisant à ce stade plus de 58 700 morts et 140 485 blessés, détruisant la quasi-totalité des infrastructures et utilisant la famine comme arme de guerre, avec un blocus empêchant l'entrée de la nourriture, des médicaments et de l'énergie.


En novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis à Gaza.

Israël fait également l'objet d'une plainte pour génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ) en lien avec sa guerre contre l'enclave.​​​​​​​


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