Plus d'un an après l'arrivée de Hun Manet à la tête du gouvernement cambodgien, des experts estiment que la politique nationale est dirigée en coulisses par son prédécesseur et père, Hun Sen.
Lors du sommet de l'Asean organisé du 6 au 11 octobre à Vientiane, au Laos, le Premier ministre cambodgien a fait profil bas, s'entretenant avec d'autres dirigeants sans faire de déclaration publique aux médias. Depuis son investiture, Hun Manet n'a toujours pas tenu de conférence de presse pour exposer sa politique, notamment pour expliquer comment il compte maintenir un équilibre dans les relations avec la Chine et les pays occidentaux.
En février, Hun Sen a pris la présidence du Sénat, un rôle honorifique et cérémoniel de premier plan, juste derrière celui du roi Norodom Sihamoni. Cela lui permet d'accueillir les diplomates étrangers, comme lorsqu'il était Premier ministre. Quelques mois plus tard, il a réaffirmé son autorité en déclarant:
Ma vie politique n'est pas terminée (...) Je suis le père du Premier ministre.
À sa demande, l'inauguration d'un chantier controversé d'un canal à 1,7 milliard de dollars entre le fleuve Mékong et le golfe de Thaïlande a même été avancée au 5 août, jour de son 72e anniversaire.
Entreprise familiale
Ancien cadre des Khmers rouges, Hun Sen est arrivé au pouvoir en 1985 et a contribué à moderniser un pays dévasté par la guerre civile et le génocide. Au moment de quitter le pouvoir, il était le dirigeant ayant régné le plus longtemps en Asie. Son autorité repose sur le soutien d'élites loyales, tandis que la quasi-totalité de l'opposition a été écrasée par la répression et des tribunaux politisés.
La répression continue
Mech Dara, un journaliste primé ayant enquêté sur le trafic d'êtres humains lié aux cyber-escroqueries, a été arrêté en septembre pour incitation au désordre. En juillet, un chef de file de l'opposition a dû payer une amende de 1,5 million de dollars après avoir déclaré que la situation du Cambodge en matière de démocratie "s'aggravait" sous Hun Manet.