Des champs connectés: au Nigeria, les promesses d'une agriculture 2.0

15:3417/03/2025, Pazartesi
AFP
Un ouvrier agricole répand de l'eau à l'aide d'un conteneur dans les champs de Lamingo Dam à Jos, le 26 février 2025. La ville centrale de Jos elle-même est en train de devenir une sorte de centre agro-technologique qui aiderait à éliminer une partie du hasard et des conjectures de l'agriculture.
Crédit Photo : OLYMPIA DE MAISMONT / AFP
Un ouvrier agricole répand de l'eau à l'aide d'un conteneur dans les champs de Lamingo Dam à Jos, le 26 février 2025. La ville centrale de Jos elle-même est en train de devenir une sorte de centre agro-technologique qui aiderait à éliminer une partie du hasard et des conjectures de l'agriculture.

Température ambiante, pH du sol, irrigation... Dandam Nangor n'a plus besoin de se rendre dans ses serres de poivrons. D'un simple clic sur son téléphone, il détermine le moment idéal pour arroser, appliquer des engrais ou pesticides, et réguler la température de l'air.

Depuis un an, ce Nigérian de 34 ans, analyste informatique et agriculteur, utilise un outil d'intelligence artificielle développé par la start-up locale Green Eden. Son objectif : faire entrer la région de Jos, dans le centre du Nigeria, dans l'ère de l'agriculture connectée.


Une solution contre le changement climatique


Jos, capitale de l'État de Plateau, est connue pour son climat tempéré et ses cultures maraîchères. Cependant, les agriculteurs doivent affronter les effets du changement climatique : sécheresse, pluies torrentielles et conditions météorologiques imprévisibles, menaçant la sécurité alimentaire de ce pays où l'agriculture représente plus de 20 % du PIB.


Grâce à Green Eden, Dandam Nangor a augmenté sa récolte de 400 kg. Des sondes implantées dans le sol envoient des données à une unité centrale, qui les transmet ensuite sur une application mobile.

"Le problème est le changement climatique et ses perturbations"
, explique Stephanie Meltus, fondatrice de Green Eden. Sa solution a été adoptée dans plus de 70 exploitations grâce à des financements privés et de fondations.

L'essor de l'agritech au Nigeria


L'agriculture de précision attire de plus en plus d'investissements à l'échelle mondiale. "Les nouvelles technologies permettent de collecter des données rapidement et d'optimiser les ressources", affirme Nuhu Adamu Gworgwor, professeur d'agronomie à l'Université de Jos.


Avec des exploitations souvent inférieures à deux hectares, de nombreux agriculteurs pratiquent une agriculture de subsistance, les rendant vulnérables aux aléas climatiques. "Certaines cultures disparaissent à cause de la sécheresse, les fermiers quittent leurs terres", prévient le professeur.


Des solutions connectées pour l'élevage avicole


A Jos, Miriam Agbo, 24 ans, a lancé Anatsor, une start-up qui propose un système de surveillance pour les élevages avicoles. Des capteurs mesurent température, humidité et qualité de l'air, transmettant les données à une application mobile.


"Ce système réduit la charge de travail des éleveurs"
, explique-t-elle. Pour Mercy Atsuku Msenhemba, adopter cette technologie a été
"la meilleure décision"
de sa vie.
"Je reçois des notifications pour changer l'eau, réguler la température, et je n'ai plus besoin de me lever la nuit pour surveiller mes volailles"
. Résultat : moins de stress et une baisse significative de la mortalité de ses poules.

Avec un coût de 150 dollars, le système Anatsor est
"abordable et rentable".

Investir dans l'innovation agricole


Gambo Wadams Zakka, étudiant en littérature à Jos, a conçu AgriTech Innovator, un système associant imagerie satellitaire, capteurs et intelligence artificielle. Il espère lever des fonds pour le déployer.

Cet outil enverra des SMS alertant les agriculteurs des invasions de nuisibles et des fluctuations des prix sur les marchés locaux, leur permettant d'agir stratégiquement.


"C'est une révolution"
, se réjouit Michael Inyam Itsegok, agriculteur depuis 25 ans, qui espère que cette technologie lui permettra de limiter ses pertes liées aux aléas climatiques.

Un développement freiné par des obstacles structurels


Malgré l'engouement pour l'agritech, des obstacles persistent. Le développement repose sur des initiatives privées plutôt que sur une stratégie publique d'investissement. De plus, avec un taux de connectivité internet de seulement 40 %, et bien moins en zones rurales, l'accès à ces technologies reste limité.

Stephanie Meltus souligne l'importance de
"former et éduquer"
les agriculteurs à ces nouveaux outils, y compris à l'utilisation d'applications mobiles.

Conclusion


L'agriculture connectée pourrait transformer l'économie agricole du Nigeria et améliorer la sécurité alimentaire. Mais pour réaliser pleinement son potentiel, le pays devra investir massivement dans l'infrastructure numérique et la formation des agriculteurs.


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