Protégé de Nelson Mandela qui l'avait distingué comme le plus prometteur de sa génération, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, 71 ans, mise sur son maintien à la tête de l'État après les élections du 29 mai, si l'ANC, son parti historique, parvient à obtenir un score honorable.
Le Congrès national africain (ANC) court le risque de perdre sa majorité absolue au Parlement, qui devra ensuite élire le président, selon les sondages les plus récents.
Certains prévoient un score aussi faible que 40%, mais les analystes estiment qu'en dépit d'une désillusion croissante, nombre d'électeurs, une fois dans l'isoloir, voteront loyalement pour l'ANC, qui a défait l'apartheid et apporté la démocratie au pays.
En décembre 2022, le parti historique, divisé et en perte de vitesse, l'avait reconduit comme leader, l'adoubant pour un second mandat à la tête du pays, en dépit d'un scandale au parfum de corruption.
Un mois plus tôt, une commission parlementaire avait assuré qu'il pourrait avoir enfreint la loi: dans le cadre d'un cambriolage dans l'une de ses propriétés en 2020, de grosses liasses de dollars avaient été retrouvées cachées dans un canapé.
"Faux super-héros"
Cyril Ramaphosa a succédé au sulfureux Jacob Zuma en 2018, faisant de la lutte contre la corruption une priorité.
Étudiant en droit, il milite contre le régime raciste et passe onze mois à l'isolement en prison. Il se tourne vers le syndicalisme, rare moyen légal de contester l'apartheid. En 1982, il fonde le puissant syndicat des mineurs qui fait trembler le pouvoir blanc à coup de grèves massives.
Il s'éloigne alors de la politique, se tourne vers les affaires et bénéficie de la politique d'émancipation économique des Noirs. Avec sa holding Shanduka, un temps propriétaire des licences locales de McDonald's et Coca-Cola, il fait fortune, figurant parmi les Africains les plus riches du classement Forbes.
Patient et fin négociateur, il prend enfin la tête de l'ANC en 2017. Une fois Zuma évincé l'année suivante, il prend les rênes du pays.
En dépit d'une forte popularité, il fait face aujourd'hui à un mécontentement croissant, nourri par le chômage, de fortes inégalités et des coupures d'électricité chroniques.