Crédit Photo : HENRY NICHOLLS / AFP
Des gens passent devant l'entrée des bureaux de la BBC à Londres, le 11 novembre 2025.
Le président américain Donald Trump a menacé de poursuivre la BBC pour un milliard de dollars, accusant la chaîne publique britannique d’avoir manipulé un extrait de son discours du 6 janvier 2021 sur l’assaut du Capitole dans un documentaire diffusé avant l’élection présidentielle américaine de 2024.
Une mise en demeure adressée à la BBC
Selon Fox News Digital, les avocats de Trump ont envoyé une mise en demeure à la BBC, reprochant au diffuseur d’avoir
"monté de manière trompeuse"
la vidéo de son discours. Le document rappelle que, dans la version complète, le président appelait ses partisans à marcher vers le Congrès de manière
"pacifique et patriotique"
.
Les avocats ont donné à la BBC jusqu’au 14 novembre pour corriger ou retirer le documentaire, faute de quoi une action en justice sera intentée. La BBC a confirmé avoir reçu la notification et indiqué qu’elle y répondrait
Un montage qui modifie le sens du discours
Le documentaire en cause, intitulé "Trump: A Second Chance?", avait été diffusé le 28 octobre 2024 dans le cadre du programme Panorama, une semaine avant l’élection.
Selon le quotidien d'information britannique The Telegraph, il combinait deux extraits distincts du discours prononcé par Trump avant les émeutes du Capitole, donnant l’impression qu’il appelait directement ses partisans à
"marcher sur le Congrès et à se battre"
.
Les passages évoquant un appel à manifester pacifiquement avaient, eux, été supprimés. D’après la BBC, les deux extraits montés ensemble étaient séparés d’environ cinquante minutes dans la version originale du discours.
La BBC reconnaît une "erreur de jugement"
Face à la polémique, le président du conseil d’administration de la BBC, Samir Shah, a reconnu une
dans une lettre adressée aux parlementaires britanniques. Il a admis que la fusion de ces passages avait
"pu donner l’impression d’un appel explicite à la violence"
et présenté les excuses du groupe.
Tout en réaffirmant l’attachement de la BBC à son impartialité, Shah a concédé qu’il existait
"de réels problèmes à traiter"
au sein de la rédaction. Il a confirmé que le diffuseur avait bien reçu une communication de l’équipe de Trump, qui menace désormais de poursuites.
Démissions au sommet de la BBC
L’affaire a provoqué une onde de choc au sein du service public britannique. Le directeur général de la BBC, Tim Davie, et la directrice de l’information, Deborah Turness, ont annoncé leur démission dimanche soir, invoquant leur responsabilité dans la gestion de la crise.
"Comme toute institution publique, la BBC n’est pas parfaite. Nous devons être transparents et responsables. Des erreurs ont été commises, et en tant que directeur général, j’en assume la responsabilité"
, a déclaré Davie dans un communiqué.
S’exprimant brièvement devant le siège de la BBC à Londres mardi matin, Davie a tenu à saluer le travail des journalistes :
Je suis très, très fier de nos équipes. La BBC va continuer à aller de l’avant, et je remercie chacun d’entre eux pour le travail remarquable accompli.
Trump se félicite des démissions
Donald Trump s’est félicité des démissions sur son réseau Truth Social, affirmant que
"les plus hauts dirigeants de la BBC avaient été pris en train de falsifier son excellent (parfait) discours du 6 janvier"
. Il a remercié The Telegraph pour avoir révélé l’affaire et accusé les responsables du documentaire d’avoir
"cherché à influencer une élection présidentielle"
.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a pour sa part qualifié la BBC de
"machine de propagande de gauche"
et de média
.
Réactions politiques au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, les réactions politiques n’ont pas tardé. Le secrétaire d’État fantôme à la Culture du Parti conservateur, Nigel Huddleston, a estimé que la BBC devait présenter des excuses officielles au président américain.
"Elle devrait s’excuser platement, car elle avait tort. Ce n’était pas une simple erreur d’interprétation, c’était manifestement trompeur"
, a-t-il déclaré sur GB News.
Une crise interne et une perte de crédibilité
Le documentaire Trump: A Second Chance? avait suscité plus de 500 plaintes de téléspectateurs et déclenché une série de critiques internes, après la fuite d’une note rédigée par Michael Prescott, ancien conseiller indépendant auprès du comité d’éthique de la BBC. Ce document mettait en cause la rigueur éditoriale de la chaîne et sa gestion de la diffusion du programme.
La BBC a depuis reconnu un
"manque de vigilance éditoriale"
dans la préparation du documentaire et assuré avoir
de cette affaire, désormais l’une des plus sérieuses crises de crédibilité qu’ait connue la télévision publique britannique ces dernières années.
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