L'UE met un coup de frein à des textes ambitieux sur le climat

La rédaction avec
10:4926/02/2025, mercredi
AFP
Le siège de l'Union européenne (UE) à Bruxelles, en Belgique.
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Le siège de l'Union européenne (UE) à Bruxelles, en Belgique.

Après des ambitions vertes affichées, l'Union européenne ralentit certains de ses projets sur le climat pour préserver sa compétitivité face aux États-Unis et à la Chine.

Sous la pression des industriels, de Paris et de Berlin, la Commission européenne propose de réviser plusieurs textes ambitieux, dont certains adoptés récemment, suscitant l'indignation des ONG environnementales.


Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, avait fait de la lutte contre le changement climatique une priorité de son mandat. Cependant, face à la menace d'une guerre commerciale avec les États-Unis de Donald Trump, qui envisage de nouvelles taxes douanières contre l'Europe, la Commission infléchit sa position pour soutenir les entreprises.


Parmi les mesures concernées figure le report d'un texte adopté en 2023 imposant un "devoir de vigilance" aux entreprises. Cette réglementation exige des industriels qu'ils préviennent et remédient aux violations des droits humains et aux dommages environnementaux tout au long de leur chaîne d'approvisionnement.

Une autre réforme visée concerne la "comptabilité verte", qui harmonise la publication des données de durabilité des entreprises en Europe, vivement critiquée par les lobbies patronaux.


"Économie de guerre"


"Le contexte géopolitique est de plus en plus tendu"
, explique Stéphane Séjourné, commissaire européen.
"On ne peut pas demander à nos entreprises d'investir massivement dans le reporting alors qu'elles devraient être en pleine décarbonation"
, justifie-t-il.

La révision de ces mesures devra obtenir l'aval du Parlement européen et des États membres. Marie-Pierre Vedrenne, eurodéputée centriste, anticipe une bataille politique difficile:
"Il n'est pas facile d'admettre qu'on s'est trompé après cinq ans de travail, mais le monde a changé"
, déclare-t-elle, évoquant les tensions géopolitiques et la montée de l'extrême droite.

Les ONG dénoncent un recul dangereux.
"C'est du pur délire"
, affirme Amandine Van Den Berghe de ClientEarth, soulignant que ce revirement pénalise les entreprises déjà engagées dans la transition écologique.

"Made in Europe"


La Commission assure qu'elle ne remet pas en cause l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050. Elle dévoile également un
"Pacte pour une industrie propre"
visant à soutenir la décarbonation industrielle avec des incitations pour les investissements verts et un accent sur le
"made in Europe"
.

L'UE envisage aussi des achats groupés de matières premières essentielles, calqués sur le modèle des vaccins pendant la pandémie, afin de renforcer sa souveraineté industrielle.

Face au climatoscepticisme de Donald Trump, Bruxelles affirme sa détermination.
"Si les États-Unis se retirent de l'action climatique, nous devons aller de l'avant"
, déclare Dan Jørgensen, commissaire européen à l'Énergie.

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