Assassinats ciblés: la doctrine secrète d'Israël dévoilée

La rédaction
16:0029/10/2025, Çarşamba
MAJ: 28/10/2025, Salı
Yeni Şafak

Depuis sa création en 1948, Israël a fait de l'élimination physique de ses adversaires une doctrine d'État. Une enquête du Monde retrace sept décennies d'opérations clandestines menées par le Mossad et le Shin Bet. De l'opération « Colère de Dieu » après Munich 1972 aux assassinats de dirigeants du Hamas et du Hezbollah, en passant par les scientifiques iraniens, ces pratiques utilisent colis piégés, snipers et frappes chirurgicales. Les récentes opérations à Beyrouth et Doha soulèvent la question : peut-on construire la paix par l'élimination systématique de ses interlocuteurs potentiels ?

Une cartographie inédite des opérations clandestines


Récemment, le journal Le Monde a publié une cartographie inédite retraçant plus de sept décennies d'opérations clandestines d'assassinats menées par le Mossad et le Shin Bet — pas seulement contre des dirigeants palestiniens, mais dans une grande partie du Moyen-Orient.


La pratique remonte à avant la proclamation officielle de l'État sioniste : dès 1947, des leaders politiques et militaires palestiniens ont été assassinés.


Des méthodes d'élimination variées et sophistiquées


Comment Israël met-il en œuvre ces méthodes machiavéliques pour éliminer ? L'État sioniste recourt à des procédés variés — colis piégés, snipers, drones, frappes dites
"chirurgicales"
— qui rendent la mort plus discrète et distante, mais non moins systématique.

L'opération Colère de Dieu: le tournant de 1972


Après l'attentat des Jeux de Munich en 1972, Israël a lancé l'opération dite Colère de Dieu: une traque à l'échelle internationale visant, selon lui, les responsables liés à Septembre noir, un groupe clandestin palestinien créé après le massacre des Palestiniens en Jordanie en 1970, avec des actions dans des villes comme Rome, Paris, Beyrouth et Tunis.


Ces opérations furent menées sans que les preuves présentées au public permettent toujours de confirmer de façon indépendante la responsabilité réelle des cibles.

La seconde Intifada et l'élimination des dirigeants du Hamas


Et ce n'est pas tout : la logique se poursuit au fil des décennies, notamment pendant la seconde Intifada. Entre 2000 et 2004, des figures fondatrices du Hamas — Cheikh Ahmed Yassine, Abdelaziz al-Rantissi — ont été éliminées par des frappes ciblées.


Ces opérations ont souvent entraîné des victimes collatérales et nourri un cycle de violence auto-alimenté.


Au-delà de la Palestine : la guerre clandestine contre l'Iran


Pire encore, l'ombre de ces pratiques dépasse Gaza et la Cisjordanie. Dans les années 2010, une vague d'assassinats de scientifiques liés au programme nucléaire iranien a été attribuée, par de nombreux observateurs et par Téhéran, à une guerre clandestine visant à freiner un programme jugé menaçant.


Les opérations récentes: 2024-2025


La liste des cibles s'allonge sans discontinuer. Le 20 septembre 2024, Ibrahim Aqil, chef de la force Radwan du Hezbollah, a été tué dans une frappe à Beyrouth qui a fait des dizaines de morts et de blessés.


Plus récemment, le 9 septembre 2025, une frappe israélienne a touché un immeuble résidentiel à Doha, au Qatar, en pleine négociation d'un cessez-le-feu : au moins six personnes ont péri, dont un agent qatari. Le Qatar a dénoncé cet acte comme un
"terrorisme d'État"
, et la région s'est indignée ; des condamnations diplomatiques se sont multipliées. Malgré cela, Israël a poursuivi ses opérations, souvent dans le secret et parfois sans être tenu pour responsable.

Une stratégie assumée aux conséquences multiples


Au fond, il s'agit d'une stratégie assumée : faire de l'élimination physique un instrument de politique étrangère. De Beyrouth à Téhéran, de Gaza à Doha, l'État israélien n'épargne ni les cibles militaires ni, parfois, les zones civiles.


Voici un État qui affirme vouloir la paix dans la région, alors même que cela ne semble pas être sa véritable intention, puisqu'il continue d'éliminer ceux avec lesquels il devrait signer des accords de paix.


La vraie question demeure : peut-on bâtir la paix sur une succession d'opérations qui, derrière leur efficacité supposée, laissent à chaque fois des familles endeuillées, des civils meurtris par la violence et des institutions internationales fragilisées ?


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