Au salon de l'électronique de Berlin, le "Made in Germany" fragilisé par les taxes de Trump

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L'édition 2025 du salon international de l'électronique grand public de Berlin (IFA) au centre d'exposition de Berlin, en Allemagne.

Les surtaxes américaines sur l’acier et l’aluminium menacent le modèle exportateur allemand et fragilisent les PME de l’électroménager.

Une odeur de croque-monsieur flotte dans une allée de l’IFA de Berlin, grande foire mondiale de l’électronique. Sur le stand de la PME Rommelsbacher, sa patronne Sigrid Klenk met en avant ses plaques de cuisson estampillées d’un autocollant

"Made in Germany"

. Mais ce label prestigieux, longtemps symbole de fiabilité, est aujourd’hui mis à mal par les décisions de Washington.

Depuis l’été, l’administration Trump a instauré des droits de douane allant jusqu’à 50% sur l’acier et l’aluminium en provenance de l’Union européenne. Des matériaux omniprésents dans l’électroménager et qui pèsent lourd dans les coûts de production.

"Maintenir une fabrication domestique devient de moins en moins simple"

, confie Sigrid Klenk à l’AFP. Elle précise que son entreprise a dû détailler la quantité d’acier contenue dans chaque produit, une procédure chronophage.

Des exportations allemandes en chute libre

Les chiffres publiés lundi par l’office fédéral Destatis confirment la fragilité du secteur : les exportations allemandes vers les États-Unis ont chuté de 7,9% en un mois, et de 14,1% sur un an. La fédération professionnelle ZVEI prévoit même une baisse de 20% des exportations d’électronique vers le marché américain, deuxième débouché du secteur.

"Nous sommes très fiers de produire en Europe et nous ne voulons pas perdre ce savoir-faire à cause de droits de douane"

, insiste Theresa Seitz, représentante de la ZVEI.

Les industriels contraints de relever leurs prix

Même le géant Miele est impacté.
"C’est la pire situation quand le consommateur ne sait pas ce qui va se passer le lendemain"
, souligne son directeur exécutif, Markus Miele. Le groupe, qui a réalisé 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, a déjà augmenté ses prix. Pourtant, en Allemagne, la consommation reste atone malgré l’apaisement de l’inflation.

À l’inverse, les États-Unis affichent une conjoncture robuste. Miele y a inauguré un site de production avant même le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, ce dernier cherchant à rapatrier les usines étrangères grâce à sa politique protectionniste.

Les PME allemandes en difficulté, les marques chinoises en plein essor

À l’IFA, plusieurs PME allemandes témoignent d’une crise industrielle profonde. La société Fakir a arrêté la production d’aspirateurs en Allemagne il y a 18 mois, jugeant les coûts trop élevés. Pendant ce temps, les marques chinoises s’imposent massivement dans les allées du salon, attirant les foules avec des innovations comme des robots aspirateurs capables de gravir des escaliers ou des lunettes connectées à l’intelligence artificielle.

Longtemps perçus comme bas de gamme, leurs produits rivalisent désormais avec les grandes marques occidentales, y compris dans le segment premium.

Un label "Made in Germany" sous pression

Les grands noms allemands tentent malgré tout de répliquer. Miele et BSH (Bosch-Siemens) ont présenté de nouveaux tiroirs vapeur destinés aux cuisines compactes des grandes métropoles comme New York. Mais cette offensive reste modeste face à un

"Made in Germany"

fragilisé de toutes parts.

"J’espère que la période de Noël ramènera un peu plus d’enthousiasme chez les consommateurs allemands"

, souffle Sigrid Klenk, lucide face à un avenir incertain pour l’industrie exportatrice allemande.