
Le journaliste kenyan et militant des droits de l'homme Boniface Mwangi (à droite) et l'activiste ougandais Agather Atuhaire (à gauche) donnent une conférence de presse commune à Nairobi le 2 juin 2025, à la suite de leur détention controversée de trois jours et des tortures qu'ils auraient subies, cette fois par les autorités tanzaniennes, pour être venus manifester leur soutien à Tundu Lissu, figure de l'opposition emprisonnée, qui comparaissait lors d'une audience du tribunal pour trahison dans la capitale commerciale de la Tanzanie, Dar-es-Salaam.
Le militant kényan des droits humains Boniface Mwangi a raconté lundi, en larmes, la "torture sexuelle" et les brutalités que lui ont infligé mi-mai les forces de sécurité tanzaniennes de lors de son enlèvement à Dar es Salaam.
L'activiste ougandaise Agather Atuhaire, avec qui il avait été enlevé, avait déjà dénoncé des exactions similaires auprès de l'AFP.
Tous deux avaient été arrêtés le 19 mai dans la capitale économique Dar es Salaam, où ils s'étaient rendus en soutien au chef de l'opposition tanzanienne Tundu Lissu, qui comparaissait devant la justice pour trahison, des poursuites passibles de la peine de mort.
"Ce qu'ils nous ont fait, cela me brise",
a témoigné M. Mwangi, qui est arrivé lors d'une conférence de presse à Nairobi avec Mme Atuhaire en s'appuyant sur des béquilles, les pieds dans des attelles.
"Je hurlais tellement fort que je ne pouvais plus respirer. Je n'avais même pas de larmes tellement c'était douloureux",
a poursuivi ce militant des droits humains kényan, narrant les coups à répétition sur la plante des pieds mais aussi l'insertion de doigts et d'objets dans son anus.
Pendant que ceci se produisait,
"ils me disaient : "Dis 'asante (merci en swahili, NDLR) Samia'",
en référence à la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, a-t-il encore narré.
"Ils t'arrêtent, ils te font subir de la torture sexuelle et te disent que si tu parles, ils le rapporteront à ta famille"
.
L'opposition tanzanienne et les ONG de défense des droits humains dénoncent la répression politique de la part de l'exécutif de la présidente Samia Suluhu Hassan, qu'ils accusent de retomber dans les pratiques autoritaires de son prédécesseur John Magufuli (2015-2021).
Le jour de l'arrestation des deux militants des droits humains, la présidente tanzanienne avait demandé à ses forces de sécurité d'interdire l'accès au pays aux
"activistes"
étrangers qui tentent de
"s'ingérer dans nos affaires"
.
Des élections présidentielle et législatives sont prévues en octobre dans ce pays d'Afrique de l'est de plus de 65 millions d'habitants, gouverné par le même parti depuis l'indépendance en 1961.
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