
Israël continue d’utiliser la famine comme arme de guerre contre les civils de la bande de Gaza, dans le cadre d’une stratégie plus vaste visant à “commettre un génocide” contre le peuple palestinien, a déclaré jeudi l’organisation de défense des droits humains Amnesty International.
Dans un communiqué, l’ONG basée à Londres alerte sur les conditions de vie toujours désastreuses à Gaza, notamment pour les enfants, en raison des bombardements incessants, des déplacements forcés, ainsi que de l’accès extrêmement limité à la nourriture, à l’eau potable et aux soins médicaux.
Selon l’organisation, des centaines de Palestiniens ont été tués ou blessés alors qu’ils tentaient d’accéder à l’aide humanitaire, que ce soit sur des points de distribution militarisés ou lors du passage de convois.
Aide détournée, blocus renforcé
Amnesty dénonce un “dispositif militarisé d’aide humanitaire”, mis en place notamment par l’ONG américaine Gaza Humanitarian Foundation (GHF), qui, au lieu de répondre aux besoins urgents, constitue aujourd’hui un “piège mortel pour des Palestiniens affamés et désespérés”.
L’ONG souligne que l’aide entrant dans Gaza demeure dramatiquement insuffisante. Des centaines de camions humanitaires restent bloqués à l’extérieur de l’enclave, en attente de l’autorisation israélienne.
Israël, accuse Amnesty, a transformé l’accès à l’aide en une véritable condamnation à mort, tout en bloquant les Nations Unies et les agences humanitaires internationales dans leurs tentatives de fournir nourriture, carburant et abris.
Et ce, malgré une vive indignation internationale et trois décisions contraignantes de la Cour internationale de Justice (CIJ) exigeant un accès humanitaire sans entrave.
Les enfants en première ligne
L’ONG attire particulièrement l’attention sur les conséquences dramatiques de la guerre pour les enfants de Gaza. Depuis octobre 2023, au moins 66 enfants seraient morts de causes directement liées à la malnutrition. D’autres ont succombé à des maladies évitables, aggravées par la faim.
Le rapport cite notamment le cas de Jinan Iskafi, une fillette de quatre mois décédée en mai de déshydratation sévère et de malnutrition, faute de lait infantile spécialisé à cause du blocus.
Dans les hôpitaux de Gaza et de Khan Younès, des médecins rapportent que près de 15 % des enfants examinés souffrent de malnutrition modérée à sévère. Beaucoup doivent être réhospitalisés, tant les conditions de vie dans les camps de déplacés se sont détériorées.
Un pédiatre décrit la situation comme “totalement inédite”, tandis qu’un autre alerte sur les séquelles cognitives et psychologiques à long terme que ces enfants risquent de subir. Le personnel médical, souvent lui-même déplacé et sous-alimenté, peine à répondre à l’urgence.
“Nous tentons de sauver des vies… mais une fois les patients sortis, nous n’avons que très peu de moyens pour les aider davantage”, confie un médecin à Amnesty.
Une complicité internationale pointée du doigt
Amnesty International critique également l’inaction de la communauté internationale face à ce qu’elle qualifie de génocide en cours à Gaza. L’organisation prévient que le soutien, même indirect, aux actions israéliennes pourrait engager la responsabilité de certains États.
L’ONG appelle également à une pleine coopération avec la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis en 2024 des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens pour crimes de guerre à Gaza.
Malgré les appels répétés à un cessez-le-feu, l’armée israélienne poursuit une guerre qualifiée de génocidaire, ayant causé la mort de plus de 57 000 Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, depuis octobre 2023.
En novembre dernier, la CPI a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza.
Israël fait également l’objet d’une procédure pour génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ) en lien avec sa guerre contre la bande de Gaza.